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« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »

Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’ampleur de la mission qui lui a été confiée, approfondit ses connaissances des travaux menés par l’institut technique et pose les premiers jalons de sa stratégie pour les deux prochaines années de son mandat.

Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
© S. Leclerc

Était-ce une évidence pour vous de reprendre l’exploitation familiale ?

Samuel Bulot - Non, mes parents n’étaient pas éleveurs, bien que j’eusse tout de même un contact très fréquent avec le monde agricole, à travers mes grands-parents, éleveurs laitiers. J’ai entamé des études linguistiques, ayant toujours eu un attrait pour l’écriture et l’expression orale. Lorsque mes grands-parents ont songé à leur retraite, je suis revenu sur la ferme et je me suis installé, en Gaec avec mon oncle. C’est l’activité d’élevage qui m’a vraiment motivé, j’aime les animaux. D’ailleurs, à mon arrivée sur la ferme, j’ai créé un atelier ovin allaitant, que j’ai arrêté plus tard, lors du départ de mon oncle pour la retraite. Aujourd’hui, je suis seul exploitant, avec un salarié à temps plein et un autre qui me remplace lorsque je suis en déplacement.

Pourquoi vous êtes-vous mobilisé comme représentant de vos pairs ?

S. B. - Peu de temps après mon installation, j’ai adhéré aux Jeunes Agriculteurs de Côte-d’Or. J’avais besoin d’un appui technico-juridique dans la transmission de la ferme lors du départ de mon oncle. Petit à petit, je me suis intéressé aux sujets collectifs et à la défense de notre métier. Après ma prise de responsabilité dans la section laitière de la FDSEA 21, j’ai été intégré à la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), où j’avais la charge de la section bio, puis au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), l’interprofession du lait. Comme je le disais, j’aime écrire et je suis à l’aise à l’oral, j’aime les challenges et faire fonctionner ma tête au service du collectif. Cet engagement m’apporte beaucoup et me permet de m’épanouir professionnellement.

« Nous devons faire de la diversité de l’élevage de ruminants notre force et notre stratégie. Ne laissons personne de côté. »

En juin dernier, vous avez été élu président de l’Institut de l’élevage (Idele). Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

S. B. - C’est un grand honneur pour moi d’avoir été nommé à la présidence ! C’est une référence sérieuse et solide dans l’environnement technique de l’élevage, avec des partenaires reconnus comme Inrae et les chambres d’agriculture, pour ne citer qu’eux. Quand j’ai repris la ferme de mes grands-parents, les bâtiments et le matériel étaient complètement obsolètes. Je me suis beaucoup appuyé sur les publications de l’Idele pour tout remettre à jour. Après avoir rencontré les responsables de départements et de services, je commence à mesurer l’ampleur et le vaste périmètre des travaux menés à l’Idele.

Quels sont vos axes prioritaires de travail au sein de l’Idele ?

S. B. - Renforcer la coordination entre les filières et les acteurs est primordial selon moi. L’institut est au service des élevages, mais cela ne peut se faire sans les interprofessions. Je souhaite encore plus de représentativités de la diversité de l’élevage en France. Nous nous devons d’être au service de tous les éleveurs, dans tous les territoires et au sein de toutes les filières. Tous les systèmes de conduite d’élevage sont possibles, tant que l’éleveur se reconnaît dans son travail. À nous de nous approprier cette multiplicité et d’en faire une force.
Enfin, je ne veux plus entendre dire de mes pairs « l’Institut de l’élevage, ça ne sert à rien ». Pour moi, les travaux que nous menons doivent accéder plus facilement dans les cours des fermes, les éleveurs ne doivent plus douter de l’importance et de l’essentialité de l’Idele dans le paysage agricole.

Avez-vous un sujet de prédilection que vous aimeriez voir abordé ou approfondi ?

S. B. - Les thèmes sur lesquels travaillent les équipes de l’Institut de l’élevage sont très nombreux. Pour ma part, j’ai un intérêt très marqué pour la relation homme-animal et la vision que la société en a. Il y a tout ce qui est quantitatif, chiffrable qui est déjà à l’étude, mais également ce qui va être du domaine du ressenti de l’éleveur. Pour moi, ce sujet est inévitable bien que sensible. J’ai suivi une formation d’ostéopathie pour les animaux, pratique qui renforce encore ce lien que l’on peut avoir avec eux.

L’Institut de l’élevage doit-il prendre part à l’actualité, qui s’est avérée intense pour le monde agricole en 2024 ?

S. B. - Bien qu’il soit frustrant de rester en retrait sur les sujets d’actualité, je pense que l’Idele a un devoir de réserve. D’autres organismes ont des vocations politiques, nous devons nous concentrer pour notre part sur notre crédibilité et notre neutralité. Il nous faut rester sur des faits scientifiques, tangibles. Notre devise pourrait bien être « Chercher, éclairer, prouver ».

Curriculum

Samuel Bulot
50 ans
Éleveur laitier bio, installé en 1998

60 vaches laitières Simmental, Montbéliardes et croisées

300 000 l/an

220 ha, dont 75 % en prairies et 25 % en céréales

Membre du conseil d’administration de la FNPL depuis 2018, en charge du dossier bio et Data et numérique

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