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Coronavirus
[Les éleveurs ovins face au Coronavirus – 3] Abattoir à l'arrêt, hausse du prix de l'aliment

Face aux mesures de confinement pour tenter d'endiguer l'épidémie de covid-19, les filières agricoles tentent de s'organiser. La filière ovine ne fait pas exception à la règle et nous avons donné la parole aux éleveurs qui font part de leur quotidien dans cette situation exceptionnelle. Témoignage d'un éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.

Bruno Damiens, éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.
Bruno Damiens, éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.
© D. Hardy

« J’ai appris deux mauvaises nouvelles aujourd’hui, coup sur coup. D’abord un coup de fil du technicien de la coopérative pour les agneaux, qui m’a annoncé que l’abattoir arrêterait son activité dès demain matin et ce, pour une durée indéterminée. Je raccroche, assez chamboulé : que vais-je faire de mes agneaux, qui sont prêts à partir ? Et je ne suis pas le seul dans mon cas, l’abattoir est un des plus gros faiseurs en ovins de France. Déjà, j’ai changé de lieu d’abattage cette semaine, car jusqu’ici je faisais abattre dans un petit établissement communal, mais ayant un salarié malade, la direction nous avait demandé de rediriger nos volumes ailleurs.

Le deuxième coup dur a été l’appel du commercial de la coopérative où j’achète mon aliment d’engraissement pour les agneaux. Il m’a demandé d’évaluer mes besoins pour les mois d’été et de signer un nouveau contrat avant midi (il était alors 11h) car les prix allaient drastiquement augmenter. Et oui, l’agriculture chinoise redémarre, ils ont donc acheté des quantités astronomiques de matières premières, faisant ainsi grimper en flèche les cours.

Bilan de la journée, je vais sans doute perdre au moins la moitié de mon chiffre d’affaire de l’année si mes agneaux ne sont ramassés pour Pâques et je vais devoir bien entamer ma trésorerie pour nourrir mes agneaux.

Cela dit, on réfléchit déjà à des alternatives pour stocker les animaux sur pied. Pour les agneaux encore sous la mère, on va peut-être sevrer plus tôt afin qu’ils grossissent moins vite. Pour les autres, une réduction de la ration semble nécessaire. Mais nous ne pourrons pas tenir indéfiniment, un jour ou l’autre, mes agneaux seront trop gros pour être bien vendus.

L’activité reprendra peut-être, au coup par coup, selon les commandes. Mais ce sera du cas par cas, quelques agneaux par-ci, par-là, mais pas les volumes dans leurs totalités. Le comble, c’est que les grandes surfaces ont reçu leurs commandes d’agneaux importés, donc les rayons vont regorger de produits de Nouvelle-Zélande et on ne peut rien y faire. Ils sont là pour combler le manque annuel que nous n’arrivons pas à fournir, seulement cette année, il n’y aura pas beaucoup d’agneau français en supermarché. »

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