Douze ans d’autonomie alimentaire totale pour leurs brebis laitières
Mathieu Gasc et Mickaël Soulet du Gaec de la Manentie sont totalement autonomes en aliment depuis 12 ans.
Mathieu Gasc et Mickaël Soulet du Gaec de la Manentie sont totalement autonomes en aliment depuis 12 ans.
« On a arrêté tous les achats d’aliments il y a 12 ans », déclare Mathieu Gasc associé à Mickaël Soulet dans le Gaec de la Manentie. En 2010, une grande partie du lait produit dans cette exploitation du Tarn est classée 3 ou 4. Les deux éleveurs décident alors de devenir autonomes en aliment quitte à perdre en production. Ils misent tout sur la qualité de leur lait. Les 670 brebis lacaune passent alors de 300 litres de lait produit par brebis par lactation à 200 litres. La production moyenne est ensuite régulièrement remontée pour revenir au niveau initial de 300 litres.
Pour atteindre l’autonomie alimentaire, les éleveurs tarnais ont misé sur l’optimisation du pâturage, la qualité des fourrages récoltés et la production de concentrés fermiers. Les brebis laitières ont toujours été au pâturage tournant dynamique avec clôture électrique. La règle est d’avoir un parc par sortie. « En hiver, elles ont un parc par jour et au printemps elles ont un parc le matin et un parc le soir. On prévoit 9 m² de pâture par brebis et par sortie », expliquent les deux éleveurs. Au Gaec de la Manentie, tout le monde profite des prairies, même les agnelles. Deux couloirs mènent à six hectares découpés en 12 parcs qui sont ouverts pendant deux jours à tour de rôle. « Les agnelles pâturent en libre-service 24h/24 ». Le pâturage tournant permet d’optimiser la gestion de l’herbe, d’éviter le gaspillage et d’assurer une qualité de l’herbe optimale pendant toute la période de mise à l’herbe.
De l’herbe de qualité séchée en grange
Le séchage en grange lancé en 2019 s’inscrit aussi dans la démarche de valoriser au mieux une herbe de qualité. Il permet de récolter du foin dans des fenêtres météorologiques plus courtes, d’apporter de la souplesse dans la gestion de l’herbe et surtout « ça améliore nos conditions de travail et c’est plus en phase avec nos valeurs », révèle Mathieu Gasc. Au moment de la mise en route du séchage en grange, le Gaec était déjà excédentaire en lait par rapport à son contrat avec la laiterie. Le surplus de lait créé par l’amélioration de la qualité du foin (soit 10 000 l/an) est transformé en fromages sur l’exploitation et vendu en circuit court ou en vente directe.
Des concentrés fermiers
Les concentrés distribués aux brebis sont produits sur la ferme. Sur les 160 hectares de SAU, 40 sont réservés aux céréales (orge, blé, avoine, triticale). Le pois (6 ha) et la luzerne (30 ha) représentent les légumineuses de la ration. La luzerne a la particularité d’être semée la première année avec du tournesol. Les céréales et le pois sont récoltés en grains et stockés dans des silos. Une fabrique d’aliment fermier les mélange dans les proportions voulues et les distribue automatiquement dans les bergeries.
Les deux associés ont déjà un nouveau projet en cours pour augmenter la valorisation des productions de l’exploitation. Ils vont installer une pailleuse suspendue qui fait aussi roulimètre pour l’aliment fermier et peut également distribuer du sec. L’objectif est de fractionner les repas et de pouvoir rajouter de la matière sans enlever les refus du tapis. Les éleveurs espèrent que le fractionnement de la ration stimulera l’appétit des brebis et surtout qu’il diminuera la quantité de refus qu’elles laissent.
Un troupeau en sélection
Le Gaec de la Manentie est en sélection de la race Lacaune depuis 1971. Sélectionner des brebis dans un élevage 100 % autonome en protéines et en fourrage permet de développer la capacité de la race à produire du lait avec le minimum. L’Upra Lacaune met un point d’honneur à créer une brebis polyvalente, performante dans tous les systèmes d’élevage.