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Quelles alternatives aux antiparasitaires en élevage ovin ?

Face à la hausse des résistances des parasites intestinaux aux traitements, des solutions complémentaires comme le traitement sélectif, la sélection génétique et l’utilisation raisonnée des anthelminthiques sont à l’étude.

<em class="placeholder">Brebis au pâturage</em>
Changer régulièrement de parcelle et éviter le surpâturage sont des bonnes pratiques pour limiter les infestations parasitaires.
© B. Morel

Les maladies dues aux strongles digestifs sont de plus en plus difficiles à combattre en raison de la résistance accrue des parasites aux traitements en France et en Europe. Les conséquences sont bien connues : une baisse du gain moyen quotidien chez les agneaux de 22 % et une diminution de la production laitière des brebis de 23 %. Plutôt que de chercher une « molécule miracle » qui finirait par rencontrer le même problème, il devient essentiel de mettre en place une gestion durable des infestations parasitaires.

Trois piliers pour gérer durablement les infestations parasitaires sont mis en avant lors d’un webinaire organisé par le comité de filière ovin et l’Institut de l’élevage (Idele) dans le cadre de l’UMT Pilotage de la santé des ruminants. Ils compilent les résultats de plusieurs projets multipartenaires.

Limiter les infestations au pâturage

Une première approche pour limiter les infestations des ovins est l’adoption d’une conduite raisonnée du pâturage. « L’idée est de préserver une population de parasites sensibles aux traitements pour éviter la prolifération de souches résistantes », explique Carole Tocze, vétérinaire à Idele.

<em class="placeholder">Brebis en alpage</em>
Le regroupement de troupeaux en estive peut être un facteur aggravant du parasitisme avec des contaminations crosiées. © D. Hardy
Le traitement en systématique de tout le lot de brebis mis à l’herbe sur une parcelle saine est donc à proscrire. En effet, cela risque de maintenir en vie des strongles devenus résistants, qui ensemenceraient la pâture avec des larves résistantes. Il faut aussi éviter le transfert d’animaux vers une parcelle saine juste après avoir réalisé un traitement collectif.

D’après la vétérinaire, « les critères pour sélectionner les animaux à traiter sont en général l’âge, nous savons que les jeunes sont moins immunisés, l’état corporel [une NEC inférieure à trois ou l’apparition de signes cliniques] ou encore les résultats coprologiques ».

Le cycle parasitaire dure entre une semaine à trois mois selon les conditions du milieu. La rotation optimisée des pâtures est essentielle pour limiter les réinfestations. « L’idéal est d’éviter de remettre les animaux sur la même parcelle avant deux mois. Si vous remettez vos animaux sur la même parcelle au bout de quinze jours, les œufs excrétés auront eu le temps de se développer jusqu’au stade infestant. »

Il est également recommandé d’éviter le surpâturage, de ne pas laisser les jeunes animaux trop longtemps sur une même parcelle et d’adapter la densité du troupeau à la pousse de l’herbe. L’association d’ovins immunisés avec des animaux sensibles, ainsi que le pâturage mixte avec des bovins, permet également de réduire la charge parasitaire.

Augmenter la résistance et la résilience des animaux

<em class="placeholder">Brebis Basco-béarnaise</em>
Certaines races laitières, comme la Basco-béarnaise, ont une indexation génétique sur la résistance au parasitisme. © B. Morel
Une autre approche repose sur l’amélioration de la résistance et de la résilience des ovins. La sélection génétique offre des perspectives prometteuses, la résistance aux parasites étant un caractère héréditaire. « Certaines races ovines laitières, comme la Manech Tête Rouge et la Basco-béarnaise, bénéficient déjà d’une indexation génétique pour ce critère. Depuis 2024, un dispositif de phénotypage permet aussi d’identifier les individus les plus résistants chez la race Lacaune Lait. Pour les ovins allaitants, un classement basé sur les phénotypes existe pour plusieurs races. L’objectif à terme est de mettre en place une évaluation génétique afin de sélectionner des reproducteurs plus résistants aux strongles, sans compromettre les performances bouchères. »

Éliminer les strongles

Enfin, l’élimination des strongles repose sur une utilisation raisonnée des traitements. La méthode Agir résume les bonnes pratiques : alterner les familles d’anthelminthiques, gérer et cibler les traitements grâce à un suivi coprologique, interdire l’introduction de parasites résistants via la mise en quarantaine et respecter les posologies adaptées au poids de l’animal le plus lourd du lot (et non le poids moyen).

L’approche combinée de ces différentes stratégies permettrait de mieux gérer les infestations parasitaires et de ralentir la progression des résistances aux traitements.

Rédaction Réussir

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