Volaille : la situation s’enlise
Malgré une actualité brûlante, la situation de la filière volaille n'a pas donné lieu à des débats forcenés lors du dernier conseil de l'Office de l'élevage, qui était également le dernier conseil de la filière viande, en attendant le premier conseil plénier central, en juin, qui devrait être officialisé par décret début mai.
Yves Berger, le directeur de l'Office, a regretté que les chiffres réels de consommation soit difficiles à estimer.
En effet, les nombreuses promotions de la grande distribution à la fin février ont entraîné une nette reprise des achats, mais la plupart des volailles alors commercialisées ont certainement été conservées dans le but d'une consommation ultérieure.
Selon les relevés du panel Sécodip pour le mois de février, les achats des ménages en poulet ont reculé de 8,5 %, dont -17,5 % pour la découpe. C’est en dinde, seul élevage contaminé en France que les ventes ont le plus reculé : -20,8 %. En revanche, les achats de poulet PAC (classe A et Label) auraient progressé de près de 11 % par rapport à 2005 !
Si ce dernier chiffre est à prendre avec une extrême précaution, et demande certainement une confirmation ultérieure, il prouve en tout cas que l’attrait financier d’un produit est plus important que les phobies alimentaires en matière de consommation, ce qui est finalement plutôt rassurant...
Le poulet Label est le plus touché
Selon M. Berger, «la filière rentre dans une crise profonde, qui va encore durer, et personne ne se hasarde à faire des pronostics sur un redémarrage». Pour l’instant, les volumes qui transitent par le Min de Rungis, reflet le plus facile du marché, sont toujours en recul de 25 % par rapport à une année normale.
C’est le poulet PAC Label, sans doute considéré comme plus exposé au risque de grippe aviaire en raison de la conduite d’élevage plein air, qui en subit les plus fortes conséquences. À Rungis, sa cotation s’établit actuellement autour de 1,5 euro/kg, à peine plus que le poulet standard, et en baisse de 43 % par rapport à 2005.
Pas de solution en poule de réforme
Du côté de la poule de réforme, le débat s’est poursuivi entre représentants de la Confédération Française Avicole, et de la Fédération des Industries Avicoles. La filière subit actuellement de grandes difficultés suite à la fermeture des marchés exports, qui représentent une majorité des débouchés. Les prix sont réduits à moins que rien, et les problèmes de stockage pourraient rapidement entraîner des impossibilités d’abattages, et donc un maintien des vieilles poules dans les élevages de pondeuses, au détriment des mises en place attendues.
Mais certains abattoirs se prononcent contre l’élimination des stocks. En effet, ils mettent en avant le fait que les débouchés pays-tiers pourraient se réouvrir assez prochainement, et qu’il faudra à ce moment là avoir suffisamment de marchandises pour répondre aux besoins, puisque les mises en place réduites de ces dernières semaines seront insuffisantes pour satisfaire rapidement les besoins. Toute la difficulté est bien sûr de savoir quand les frontières vont effectivement se réouvrir, et que faire des poules qui pourraient rester bloquées dans les élevages...