Vivescia en passe de gagner son pari industriel
Vivescia Industries récolte les premiers fruits d’une stratégie basée sur la création de valeur. Le groupe coopératif marnais a confirmé son ambition lors de son assemblée générale le 9 novembre : faire sortir les céréales des commodités pour les faire entrer dans la nutrition.
Vivescia Industries tourne la page des restructurations. La nouvelle équipe, qui pilotera le groupe dès l’an prochain (voir encadré), dispose d’ores et déjà d’un outil industriel en ordre de marche. Et l’heure du retour sur investissement semble avoir sonné. « Nos résultats sont pour la première fois en ligne avec nos budgets. Nous allons à nouveau faire de la croissance, procéder à des acquisitions et nouer des alliances », a précisé Alain Le Floch, président du conseil de gérance, le 9 novembre dernier lors de l’assemblée générale à Reims.
Si le chiffre d’affaires est quasi stable, l’Ebitda, la marge brute d’autofinancement, la valeur ajoutée ainsi que le résultat net part du groupe sont en forte hausse. Quant au cours de l’action, il est à son plus haut historique à 32,29 euros. Le dividende de l’action est pour sa part passé de 0,35 euro à 0,50 euro en l’espace d’un an. « Cet exercice n’est pas seulement bon, il est remarquable, car il ouvre une nouvelle page de notre histoire », s’est réjoui de son côté Pascal Prot, le président du Sicom*.
120 M€ d’investissement par an
Dès janvier 2017, le tandem Pascal Prot-François Gandon, qui a beaucoup œuvré pour la construction de Vivescia Industries, passera le témoin. « C’était prévu. Les conséquences ont été anticipées », a rassuré Alain Le Floch, qui veut faire du groupe « la référence française de la valorisation industrielle des céréales. D’ici à 2025, Vivescia Industries devra réaliser 50 % de son chiffre d’affaires hors Europe, ses activités industrielles devront réaliser un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros, atteindre un Ebitda de 400 millions d’euros et générer une marge d’Ebitda de 10 %. Le titre devra dépasser les 50 euros ».
Le président du conseil de gérance l’a affirmé, il veut avant tout un groupe qui « pense "marché" avant de penser "entreprise" ». Il s’agit de construire une offre à plus forte valeur ajoutée, d’améliorer encore les coûts de transformation ainsi que la compétitivité des outils et de renforcer le marché international. Pour gagner ce challenge, il s’agit également de redimensionner le portefeuille des activités pour une meilleure taille critique, de faire évoluer l’organisation et d’assurer un rendement pérenne ainsi qu’une liquidité satisfaisante aux actionnaires. Vivescia Industries, qui a investi 51,6 millions d’euros (M€) durant l’exercice 2015-2016, va consacrer 120 M€/an à ses projets de croissance en sus des investissements normaux, ce qui représente un budget de 1 milliard d’euros consacré à la croissance des activités d’ici à 2025.
Le groupe bénéficie « d’un soutien renforcé des banques », a assuré Alain Le Floch. Il vient d’ouvrir une ligne de crédits de 250 M€ pour faire face à des acquisitions futures, via sa nouvelle filiale Vivescia Industries Finances.
Malteurop vise la brasserie artisanale
Représentant respectivement 48 % et 38 % du chiffre d’affaires, la meunerie-boulangerie-viennoiserie-pâtisserie et la malterie figurent au premier rang. Même si Malteurop a dû faire face à une concurrence accrue aux États-Unis et dans les pays de l’Est, ce qui a fait baisser son chiffre d’affaires (874,30 M€ contre 888,30 M€), le groupe dirigé par Stéphane Constant veut « être l’un des champions des ingrédients maltés ». Déjà fournisseur des quatre plus gros brasseurs américains, Malteurop veut accroître davantage sa présence dans la brasserie artisanale. Sur ce marché en plein développement (12 % du marché de la bière en volume et 22 % en valeur), il y possède déjà un taux de croissance annuel de 18,5 % avec sa propre marque (Craft Master Malt).
En Asie-Pacifique, Malteurop prévoit de doubler sa capacité de maltage sur son site australien de Geelong à proximité du port de Melbourne d’ici à 2018. En Chine, il vient d’ouvrir sa nouvelle unité de production entièrement automatisée sur le site de Baoding (à 150 km au sud-ouest de Pékin).
Rachat de La Rose noire en Chine
Après quatre années de restructuration, NutriXo affiche de bonnes performances. Après l’ouverture de deux magasins pilotes à Hong Kong en 2015, Délifrance vient d’ouvrir son premier magasin à New Delhi et sa première franchise italienne à Milan. En Suisse, l’acquisition de Délitrade en juillet 2015 (30 M€ de CA) a permis à NutriXo de « doubler son chiffre d’affaires dans le pays ». Mais le groupe a surtout les yeux rivés sur l’Asie-Pacifique. Objectif ? Doubler le nombre de boutiques à l’étranger d’ici à cinq ans (plus de 420 franchisés actuellement). Le groupe vient ainsi de créer un nouveau segment développant un concept de magasins haut de gamme (French Food Bakery). La stratégie ? Développer le savoir-faire français en le combinant à des ingrédients ou produits locaux (croissants fourrés, en Italie ou à Singapour, croissant sandwich végétarien, en Inde).
NutriXo cible les hôtels-restaurants et chaînes de restauration haut de gamme. En Chine, le groupe a procédé à sa première acquisition. Il vient d’acheter La Rose noire, créée en 2003 par le Français Gérard Dubois. Le rachat du leader chinois de la boulangerie surgelée haut de gamme va lui permettre de développer des séries qualitatives (macarons, petits fours, tartelettes…). Enfin, le groupe qui veut accompagner la révolution numérique, possède des projets de vente en ligne, canal de vente complémentaire pour ses clients. Le lancement est prévu pour le début de l’année 2017.
*Organisée sous la forme d’une société en commandite par actions, la gouvernance de Vivescia Industries s’appuie sur un associé commandité (Sicom) qui définit la stratégie, un commanditaire garant de la stratégie (conseil de surveillance) et un conseil de gérance qui en assure la mise en œuvre.
Changement d'équipe
La coopérative Vivescia ouvre une nouvelle page de son histoire. Pascal Prot abandonne l’ensemble de ses mandats. Son successeur sera officiellement connu le 17 décembre prochain. Président du conseil de surveillance et vice-président, François Gandon y met également fin, tout comme Christoph Büren, vice-président. Membre du conseil de surveillance, Nicolas Demoury a été élu nouveau président. Daniel Cheron, ancien directeur général de Limagrain, fait son entrée au Sicom. Claire Maingon, directrice d’investissements chez Sofiprotéol, actionnaire à 2,15 %, intègre le conseil de surveillance comme censeur.