Une rentrée sous tension
Les traditionnelles promotions de rentrée ont débuté. Si les volumes écoulés sont jugés dans l’ensemble corrects pour la période, les prix pratiqués demeurent très bas et ravivent les tensions entre les différents maillons de la filière.
Comme tous les ans, la rentrée rime avec promotions sur la viande porcine. Au début de mois et à la réouverture des collectivités viennent s’ajouter de nombreuses mises en avant en grande distribution. S’il est indéniable qu’elles permettent d’écouler une grande quantité de viande, en particulier de longes, elles sont chaque année synonymes de tensions entre les professionnels. Et 2009 n’échappe pas à la tendance.
Côté volumes écoulés, tout le monde s’accorde à les juger satisfaisants pour la période. Certains opérateurs parlent même de niveaux plus élevés que les années précédentes. En revanche, les niveaux de prix affichés par quelques enseignes dégradent les relations entre les différents maillons de la filière. L’abattage découpe estime certains tarifs à la limite de l’indécence, tirant l’ensemble des prix vers le bas tout en dégradant l’image de la viande porcine auprès des consommateurs. Selon Paul Rouche, directeur du Syndicat national du commerce du porc (SNCP), « la viande de porc sert de prix d’appel pour faire entrer les consommateurs dans les enseignes et leur vendre à la fois les fournitures scolaires et les courses de la rentrée ! ».
Une filière inquiète
En amont, il est difficile d’accepter les difficultés de revalorisation de leur prix de vente dans un contexte d’offres stables à baissières et de ventes plus importantes.
Si les relations entre amont et aval sont aussi tendues en cette période pourtant propice au commerce, c’est que la crise reste de rigueur. Bien que la production française soit plus mesurée, elle suffit à couvrir des besoins, également plus limités. Pour Paul Rouche, à une consommation française stable à baissière se sont ajoutés l’effondrement de nos exportations, et une concurrence accrue des viandes européennes. Or, un tel contexte d’offre et de demande limite la revalorisation des tarifs des pièces, ce qui ne permet pas de compenser la perte de gain liée à la baisse des volumes écoulés. Impossible également de retrouver de la trésorerie en accentuant la pression sur les prix d’achat. D’une part, la production bien que suffisante n’est pas excessive. D’autre part, la santé économique des élevages est déjà très précaire, et cela depuis plusieurs années maintenant.
Les jeux semblent être faits pour cette rentrée, et déjà, l’ensemble de la filière s’inquiète de l’après promotions. Nul ne sait comment le consommateur va réagir lorsque les prix au détail auront retrouvé des niveaux plus habituels, soit, dans certaines enseignes, près de 60 % plus cher que les prix catalogue de début septembre, estime-t-on au SNCP. Et cela d’autant plus qu’une récente étude réalisée par l’Agrocampus Ouest et la société Allstat, en collaboration avec l’Institut du porc (Ifip), vient une nouvelle fois de confirmer que le prix reste un facteur déterminant dans l’acte d’achat de viande porcine par les consommateurs, au même titre que l’origine France.