Viande
Une consommation de porc défaillante
La consommation française de viande de porc reste en berne et la charcuterie ne présente pas de meilleurs résultats. Peu de relais de croissance se dessinent en outre à l’horizon.
La consommation française de viande de porc reste en berne et la charcuterie ne présente pas de meilleurs résultats. Peu de relais de croissance se dessinent en outre à l’horizon.
Selon FranceAgriMer-Kantar Worldpanel, les achats de viande fraîche de porc par les ménages français pour leur consommation à domicile ont reculé de 3,5 % en cumul du 25 décembre 2017 au 2 décembre 2018 par rapport à la même période un an plus tôt. Une tendance qui s’est prolongée jusqu’en fin d’année, le porc n’ayant que peu de place dans les repas de fêtes.
Aucune embellie depuis le Nouvel An. Les promotions de janvier ont été placées sous le signe de l’hétérogénéité des prix. De plus, les opérations étaient concentrées sur une seule semaine, alors qu’elles avaient tendance à s’étaler sur les premières semaines de janvier ces dernières années, souligne-t-on du côté des industriels. Ainsi, les volumes écoulés en promotion ont-ils été moins importants qu’espéré, en particulier dans les enseignes les moins agressives en matière de prix, tandis qu’un soudain et net ralentissement de la demande a eu lieu à partir de la mi-janvier.
Tassement des prix en fond de rayon
Difficile d’entrevoir une reprise de la consommation. Pour Paul Rouche, directeur délégué de Culture Viande, ce sont toujours les mêmes produits qui sont proposés, et la segmentation qualitative demeure très restreinte.
Seul espoir pour 2019, selon une partie de la filière, que les prix en fond de rayon se tassent sous l’influence de la mise en place de la loi Alimentation. Les remises sur les produits alimentaires plafonnées à 34 % de la valeur et à 25 % du volume annuel écoulé par l’enseigne – contre 45 à 55 % jusqu’à l’an dernier, selon Culture Viande – pourraient inciter les distributeurs à revoir l’ensemble de leurs tarifs à la baisse pour tenter de s’assurer un flux de vente plus régulier à l’année, tout en ayant la possibilité de proposer des prix en promotion attractifs, en particulier en janvier et en septembre.
Le « sans » au secours du jambon
Même constat, même combat pour la charcuterie. Pour Kantar Worldpanel, les achats de jambon ont reculé de 2,5 % sur un an en cumul de janvier à début décembre. Si les lardons, poitrine et bacon tendent à se maintenir dans les paniers, le reste de la gamme décline significativement. Pour Iri, cela cache toutefois quelques signes plus positifs. Alors que le désintérêt est marqué pour les produits standard, la gamme « santé » (sel réduit, oméga 3…) et surtout celle des produits « sans » (sans nitrites, sans antibiotiques) apparaissent comme des relais de croissance. Certes, le développement des uns ne compense pas le repli des autres, mais il permet de l’atténuer, notamment en valeur. Le bio, moins disponible et plus onéreux, reste en revanche un marché de niche.
Cet intérêt croissant des Français pour les produits « santé » est en mesure de se confirmer et pourrait même s’affirmer, soutenu par l’arrivée d’une gamme plus étoffée répondant aux attentes sociétales. Pour Iri, les intervenants majeurs du secteur semblent en mesure de déployer en masse des offres de jambon avec des recettes santé ces prochains mois, tant en marques nationales que de distributeurs, et reléguer en arrière-plan les produits standard. Un mouvement qui, bien que moins franc, serait aussi de mise pour les autres charcuteries.