Un contrecoup historique
La révélation par Les Marchés de la mise en examen d’Yves Salmon, ancien directeur général de la FNSEA, a créé de sérieux remous dans les milieux agricoles (lire ci-dessous les réactions). Ce rebondissement inattendu dans une enquête ouverte il y a quatre ans risque de provoquer des turbulences comparables peut-être à celles qui ont secoué les partis politiques dans les années 90 ou, plus récemment, les syndicats de salariés. La volonté de transparence de la justice et de l’opinion sur le financement des corps intermédiaires n’épargne personne. Concernant les organisations agricoles, il n’est cependant pas inutile de rappeler quelques faits historiques qui permettent de remettre en perspective le jeu de massacre qui s’annonce. Le premier, c’est que les ministères de tutelle (agriculture et économie) étaient représentés dans les comités de gestion des fonds d’Unigrains et ont donc avalisé ses décisions. On ne voit pas pour quelles raisons leurs responsabilités ne seraient pas engagées dans les poursuites en cours. Le deuxième, c’est que des principes plutôt louables ont présidé à la création de cet organisme financier et en particulier au Fonds de solidarité des céréaliculteurs et des éleveurs dont l’utilisation est aujourd’hui en cause. Il s’agissait alors, dans la foulée de la création d’une OCM céréales très profitable aux producteurs de céréales mais très pénalisante pour les éleveurs, de créer les conditions d’un rééquilibrage du revenu. A cette époque, c’est vrai, la question du « pluralisme syndical » ne se posait pas en agriculture. C’est sans doute la raison pour laquelle cette affaire prend aujourd’hui une telle ampleur.