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TVA à 5,5% : l’Allemagne cède à la demande française

Mercredi, Jacques Chirac a annoncé que l’Allemagne se ralliait à la position française sur la baisse de la TVA. Une décision inattendue et appréciable pour le président à l’approche des élections.

Depuis le début du mois de février les restaurateurs ont vu leur cœur balancer entre déception et satisfaction. C’est finalement ce deuxième sentiment qui devrait l’emporter, avec la déclaration mercredi par Jacques Chirac de la fin du blocage allemand sur la baisse de la TVA.

Annoncée lors du sommet tripartite entre la France, l’Allemagne et l’Angleterre, cette décision devrait permettre au président de tenir sa promesse électorale faite en 2002. « C’est un progrès formidable parce que jusqu’à hier, Schröder c’était «nein»» commentait André Daguin, président de l’UMIH (Union des Métiers et Industries de l’Hôtellerie). Non content d’obtenir un accord qui paraissait alors totalement impossible, M. Daguin souhaite dorénavant avancer la date d’application de la TVA à taux réduit : « Bravo à M. Chirac d’avoir résolu ce problème, mais encore plus bravo s’il obtient ça avant fin 2004. Car 2006, c’est tard ». Le président de l’UMIH se veut toujours plus gourmand, après les mesures obtenues la semaine dernière. Suite au refus allemand qui prévalait alors, Jean-Pierre Raffarin avait proposé une baisse des charges de 1,5 Md d’EUR pour les restaurateurs entre le 1er juillet 2004 et fin 2005. Cette mesure, qui restera en place, permettra la transition fin 2005 avec le nouveau régime de TVA à 5,5 %, qui reste toutefois subordonné à l’acceptation des trois derniers pays réfractaires (Suède, Finlande et Danemark).

Tout semble donc s’améliorer pour le secteur de la restauration et pour Jacques Chirac. Annoncées dans tous les médias, la diminution de la TVA et la baisse des charges concédée la semaine dernière ne trouveront peut-être pas le même écho dans la profession et auprès des consommateurs. C’est en tout cas l’opinion de Bernard Boutboul, directeur de GIRA Conseil, cabinet de marketing et de développement de la restauration. « M. Daguin promet la création de 40 000 emplois avec la diminution de la TVA. Je reste sceptique à ce sujet. On peut créer des emplois si le marché est favorable, or il ne l’est pas. La restauration est un métier contraignant, avec des horaires décalés, qui est mal payé face à tous ces désagréments».

« La TVA servira à récupérer de la marge »

Autre promesse à tenir, faite par les restaurateurs cette fois, la diminution de la facture pour le consommateur. « Le jour où la baisse de la TVA sera effective, ce sera un évènement très médiatisé. Le consommateur va s’attendre à une baisse des prix dès le lendemain, mais cela sera très difficile. La TVA baissera sur le solide et pas sur le liquide, et à cela il faut ajouter l’amalgame qui sera fait entre vente à emporter et vente sur place, taxée à des taux différents. Au final le consommateur ne bénéficiera pas, ou très peu, de cette baisse » conclut M. Boutboul. Selon lui, la baisse de la facture servira avant tout « d’argument marketing ». « Ceux qui vont répercuter la baisse sur la note bénéficieront d’une publicité efficace. Mais seules les grandes chaînes pourront se le permettre. Pour les indépendants, qui représentent 80 % du marché français, la baisse de la TVA servira à récupérer de la marge » ajoute le directeur de GIRA Conseil. Au final, cette baisse devrait surtout bénéficier aux restaurateurs, qui ont finalement obtenu ce qu’ils réclamaient. Mais la décision de l’Allemagne de se rallier à la position française étonne par sa soudaineté. Le coup de théâtre annoncé mercredi par Jacques Chirac tombe décidément très bien, à quelques semaines des élections régionales.

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