Se passer du soja brésilien : « plus facile en ruminants qu’en volailles »
Les Marchés Hebdo : L’Académie d’agriculture a édité, le 12 août, une note de 18 pages, intitulée « L’élevage français peut-il se passer du soja américain ? », que vous avez signée avec André Pflimlin, Michel Rieu, Jean-Marc Meynard, Gilles Bazin et Claude Allo. Pourquoi ?
Pascale Magdelaine : La section élevage de l’Académie d’agriculture a pris l’initiative de ce travail début 2019, d’abord autour de la question du sans OGM. Nous y parlons des sojas d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Les incendies ont remis en avant la dépendance de l’UE en protéines. Il ne s’agit pas de répondre catégoriquement à la question, mais vraiment de livrer un support de réflexion qui pointe les enjeux et les solutions sur deux axes : favoriser la production de protéines européennes et faire évoluer les systèmes d’élevage. On peut dire que ce sera plus facile en ruminants qu’en volailles.
LMH : L’an dernier, l’UE a importé plus de soja des États-Unis que d’habitude, est-ce une des solutions pour réduire la pression sur la forêt amazonienne ?
P. M. : Si les importations de soja américaines ont tant progressé l’an dernier, c’est non seulement à la suite de l’accord obtenu par M. Junker, mais aussi et surtout par la réorientation des flux : le soja brésilien est parti vers la Chine et les États-Unis ont vendu plus dans l’UE. Cela ne change donc rien à la production brésilienne.