Livre blanc
Retour d’expériences sur la blockchain
Un groupe de travail piloté par l’Institut du commerce et regroupant entre autres Terrena, Savencia, Nestlé, Casino, Intermarché, Système U et Carrefour tire les premiers enseignements sur l’utilisation de la blockchain.
Non, la blockchain n’est pas surconsommatrice d’énergie ; de nouvelles procédures font de l’industrie de la blockchain une industrie à l’empreinte énergétique beaucoup plus efficiente que celle du secteur bancaire. Ce n’est pas non plus une technologie difficile ; elle est maintenant accessible à tous à un prix acceptable. Elle présente en outre de nombreux avantages : un processus collaboratif responsabilisant chacun ; l’immutabilité de la donnée publiée ou encore la confidentialité contrôlée (on peut choisir ce que l’on veut montrer et qui a les droits d’accès sur quoi) ; la propriété de la source ou encore l’auditabilité garantie.
Voici quelques enseignements tirés par un groupe de travail de l’Institut du commerce après deux ans d’utilisation de la blockchain. Quatre distributeurs (Casino, Intermarché, Système U et Carrefour), deux industriels (Savencia et Nestlé), une coopérative (Terrena), trois apporteurs de solutions blockchain (IBM France Food Trust, Tilkal et Transparency) et des experts (Newloop Partners, Institut du commerce, club Demeter et GS1 France) font partie du groupe de travail qui vient de publier le livre blanc « Usage de la blockchain pour la traçabilité des produits de grande consommation ». L’idée de ce groupe de travail : les acteurs mettent en place une traçabilité de type blockchain chez eux pour ensuite, ensemble, définir les standards métiers, techniques et les bonnes pratiques d’interaction entre différents acteurs pour atteindre l’objectif visé de traçabilité et de transparence.
Risque de détournement de la donnée
Ainsi, le livre blanc n’élude rien des risques de la blockchain sur la traçabilité. « Le principal risque identifié est lié à un détournement de la donnée partagée sur la blockchain », y pointe le groupe de travail. « En effet, dans les différents tests effectués au sein du groupe de travail nous avons fait face à un certain nombre de freins liés au RGPD, mais aussi au risque d’utilisation "non contrôlée" de l’information à partir du moment où elle est publiée et accessible par ceux qui ont les droits ou les accès », écrit le groupe de travail. Ainsi, par exemple, les éleveurs pourraient refuser de publier des informations qu’ils considèrent comme confidentielles (lieu de production, coordonnées GPS du champ, nom de ses fournisseurs…).
Une gouvernance à mettre en place
D’où l’importance de mettre en place, à terme, une gouvernance autour de l’utilisation de la donnée, « soit au travers d’une législation nationale ou internationale, soit au travers de règles de fonctionnements des différentes plateformes ou d’un guide de bonnes pratiques ». En attendant, le groupe de travail préconise de mettre en place de véritables chartes d’utilisations de données entre les utilisateurs et les fournisseurs de données.
Et de conclure que si la blockchain « n’est pas une technologie magique », elle permet de contourner la difficulté de la mise en place d’une base unique et partagée par tous les acteurs indépendants au profit d’un système distribué, collaboratif, fiabilisé et sécurisé.
Filières prioritaires et nouveaux cas d’usage
Bio, produits sous signes de qualité, produits à risques importants pour la santé, filières ayant connu des crises (lait, viande), filières touchées par des fraudes (miel, huile d’olive) ou encore plats cuisinés complexes font partie des familles de produits prioritaires selon le groupe de travail pour la mise en place d’une blockchain. Une démarche qui outre la traçabilité peut avoir de nouvelles utilités, identifiées dans le livre blanc : dans le cas des retraits et rappels, de la mise en place de la DLC dynamique, la traçabilité de la juste rémunération des acteurs de la chaîne ou « la détection de marché gris ».