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Raréfaction de l’agneau français

Le manque de disponibilités sur le marché en vif de l’agneau tend à encourager l’importation, notamment du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande. Une tendance qui pourrait durer, en raison de la compétitivité de la livre sterling et du dollar néo-zélandais.
C’est une tendance qui s’étend maintenant à l’ensemble de l’Europe : le manque de disponibilités en agneaux se fait cruellement sentir et entraîne un maintien des cours en vif à des niveaux élevés. En France, plus précisément, les agneaux restent rares dans les abattoirs. Selon l’Institut de l’élevage, en cumul sur les quatre premiers mois de l’année 2009, ce sont 1,3 million d’agneaux qui ont été abattus, ce qui représente un repli de l’ordre de 12 % par rapport à la même période de l’année 2008, Pâques inclus.
C’est sur les abattoirs français, alors privés de leur matière première, que pèse en premier lieu ce recul de l’offre. Un manque qui n’est d’ailleurs pas compensé par les arrivages d’agneaux étrangers, également en repli cette année. En effet, en cumul sur les trois premiers mois de l’année, les importations d’agneaux vivants seraient en repli d’environ 6 % par rapport à la même période l’an dernier. Les Pays-Bas, premiers fournisseurs de la France avec presque 50 % des importations françaises d’agneaux, n’ont livré que 35 000 têtes au premier trimestre 2009, soit 11 % de moins qu’en 2008.
Ainsi, de même que pour le porc actuellement, les abattoirs français sont dans une situation délicate dans la mesure où il devient de plus en plus difficile de revaloriser en aval la hausse de leur matière première sur les cours en vif. Le cinquième quartier, plus particulièrement, est fortement touché par le recul des prix pratiqués. Le marché des peaux est actuellement au point mort avec une demande en chute libre, notamment au niveau de l’industrie automobile, ce dont les professionnels de l’abattage-découpe se plaignent depuis quelques mois maintenant. Les abattoirs sont pris en étau entre les prix des peaux qui se replient fortement et des charges de stockage qui augmentent.
Hausse des importations
Ce manque de matière première pour les abattoirs est finalement compensé par une hausse des importations en viande étrangère très concurrentielle. Ainsi, les importations de viande étrangère ont progressé de 6 % en cumul sur les trois premiers mois de 2009. Ce qui n’est pas pour arranger les ventes des intermédiaires de la filière. En effet, la compétitivité de la livre sterling et du dollar néo-zélandais est nettement favorable aux exportations de viande britannique ou néo-zélandaise en direction de la France. De ce fait, même si les abattoirs au Royaume-Uni manquent également d’agneaux (-11 % sur les trois premiers mois de l’année), les exportations britanniques de viande ont progressé de 1 % de janvier à mars par rapport à la même période l’an dernier. Il est toutefois à noter que les abattages à cette époque de 2008 étaient particulièrement dynamiques en raison des reports de la fin de campagne 2007. Ainsi, malgré son repli conséquent par rapport à l’an dernier, le niveau actuel d’abattages d’agneaux est seulement 2 % en dessous de son niveau de 2007 et également 2 % en dessous de la moyenne de 2003 à 2007. Et si les exportations britanniques progressent malgré une baisse des disponibilités en vif, ce n’est pas au détriment des ménages britanniques, bien au contraire. Car, de même que le rapport euro-livre sterling avantage l’importation de viande britannique en France, le rapport livre sterling-dollar néo-zélandais avantage fortement la viande néo-zélandaise par rapport à la viande britannique. Aussi, avec près de 82 % du total des importations britanniques de viande ovine au premier trimestre, les importations néo-zélandaises ont fortement participé aux 37 000 tonnes de produits qui ont été importés en Grande-Bretagne sur le premier trimestre 2009, représentant une hausse de près de 17 % par rapport à la même période en 2008.
Les exportateurs néo-zélandais privilégient le marché européen
De même que pour la Grande-Bretagne, c’est le manque de disponibilités qui motive la Nouvelle-Zélande à augmenter ses expéditions en direction de l’Union européenne. En effet, depuis le début de la campagne ac­tuelle, on est 14 % en dessous de la campagne précédente avec moins de 17 millions d’agneaux abattus depuis le mois d’octobre 2008. En toute logique, face à cette réduction des disponibilités, les exportateurs néo-zélandais privilégient le marché eu­ropéen, plus rémunérateur en gé­néral, la France et le Royaume-Uni en particulier. Les envois vers la France ont ainsi atteint 18 600 téc en cumul entre octobre 2008 et avril 2009. Soit 2 % de plus que la campagne précédente. Encore plus importantes, les expéditions en direction du Royaume-Uni ont atteint 64 000 téc sur la même période, soit 9 % de plus que la campagne précédente. Ces hausses se sont toutefois faites au détriment des exportations vers les Etats-Unis qui ont marqué, dans le même temps, un repli de 7 %.
Dans l’état actuel des choses, rien ne laisse présager un changement de tendance dans les mois à venir. A l’é­chelle française, bien qu’une baisse des abattages de brebis laisse entrevoir une possible fin de la décapi­talisation du cheptel, une reprise de la production n’est pas attendue à court terme. Et même si la viande française se faisait plus présente sur nos étalages, il n’est pas dit qu’elle serait vendue à un prix plus intéressant que la viande britannique ou néo-zélandaise.

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