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RAGT, « semencier de la nutrition animale »

La qualité intrinsèque des matières premières utilisées pour nourrir les animaux évolue grâce aux recherches en sélection variétale. Témoignage de RAGT Semences qui sélectionne trente-deux espèces végétales.

Le laboratoire Druelle traite quelque 380 000 individus par an, et génère plus de 22 millions de données.
© Y. B.

Née il y a cent ans en tant que coopérative, RAGT est devenue en 1944 une société anonyme. Elle est organisée en deux branches : l’agrodistribution avec RAGT Plateau Central (384 personnes, 150 M€ de CA) dont la production d’aliments pour animaux avec trois usines (Prodial) et la sélection variétale avec RAGT Semences (861 personnes, 206 M€ de CA). Lancée en 1962, cette activité qui consacre 18 % de son chiffre d’affaires et 40 % de son effectif à la recherche, sert pour une large partie la première : « nous sommes en quelque sorte les semenciers de la nutrition animale au travers des 32 espèces végétales que nous sélectionnons », a estimé Claude Tabel, président du directoire, lors de l’assemblée générale du Snia, le 17 mai à Rodez.

L’entreprise travaille les maïs (ensilage et grains), les céréales à paille, les plantes fourragères, les oléagineux et protéagineux.

Il existe une corrélation entre rendement et effort de recherche

L’efficacité de la sélection n’est pas toujours chiffrable puisque le système de culture influence aussi les résultats des producteurs, mais « il existe une corrélation entre rendement et effort de recherche », résume le dirigeant. En cinquante ans, le rendement des maïs a par exemple été multiplié par deux pendant que leur besoin en eau était divisé par deux. Dans les grains, l’huile est passée de 32 % à près de 50 % en quarante ans de sélection, sans oublier la progression des protéines. L’innovation est régulière, mais il faut entre six et huit ans pour sélectionner une variété en hybride et les cycles sont encore plus longs pour les espèces fourragères (quinze ans).

189 nouvelles variétés en 2018

RAGT Semences a inscrit 189 nouvelles variétés l’an dernier, sur 32 espèces. Outre ses dix-sept centres de recherche, dont huit en France, et ses quatre laboratoires, dont celui, historique, de Druelle en banlieue proche de Rodez, RAGT Semences loue quelque 300 parcelles à des agriculteurs pour conduire ses essais aux champs. Afin de disposer d’une plus large diversité génétique, le semencier conduit également des recherches en Amérique du Sud.

Après près de trente ans de partenariat avec le groupe américain Delkab, la reprise de ce dernier par Monsanto en 1999 l’a conduit à multiplier alors ses investissements de recherche. Le semencier a acheté notamment le programme public britannique de sélection des céréales à paille.

La réglementation est un moteur de l’accélération du nombre des critères de sélection. Il faut pouvoir répondre à la perte de solutions qui permettaient de sécuriser les rendements : la limitation du nombre de produits pour lutter dans les cultures contre les insectes impose par exemple à la génétique de trouver des ressources dans la plante elle-même. « Il y a beaucoup de potentiel dans la sélection mais nous ne pouvons pas répondre tout de suite à tout », résume Sébastien Charte, dirigeant de la recherche.

D’où le recours à la génomique qui accélère le repérage des variétés à potentiel grâce à la sélection assistée par marqueurs. Après la sélection mesurable, on s’intéresse désormais à des fractions d’ADN qui déterminent les caractères, ce qui génère un nombre énorme de données à traiter : traitant quelque 380 000 individus par an, le seul site de Druelle génère ainsi plus de 22 millions de données dans le même temps.

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