Conjoncture
Porc : Qui va aspirer l’appel d’air du géant chinois ?
L’année du cochon en Chine ne s’annonce pas si rose. La PPA continue de sévir, provoquant un gigantesque déficit de la production nationale et créant un appel d’air à l’échelle internationale. Mais ce déficit est si grand qu’il pourrait ne pas être comblé.
L’année du cochon en Chine ne s’annonce pas si rose. La PPA continue de sévir, provoquant un gigantesque déficit de la production nationale et créant un appel d’air à l’échelle internationale. Mais ce déficit est si grand qu’il pourrait ne pas être comblé.
Au 21 juin 2019, 140 foyers de peste porcine aviaire (PPA) ont été détectés en Chine et 1 133 000 porcs ont été abattus. « On vit une situation inédite avec la PPA », déclare Didier Delzescaux, directeur d’Inaporc, lors de l’assemblée générale d’Uniporc Ouest et du MPB, le 27 juin. La PPA continue sa progression mondiale, s’étendant vers d’autres pays consommateurs de porc, tels que le Vietnam et le Cambodge. La Birmanie, la Malaisie et la Thaïlande pourraient bientôt être touchées. Jusqu’à présent, aucun vaccin n’a été trouvé pour limiter les dégâts. En 2019, la production chinoise a connu une baisse de 10 à 20 % par rapport à 2018, selon Inaporc. Ces chiffres seraient sous-estimés et pourraient même atteindre les 30 à 45 %.
Avec 54 040 000 t de viande porcine produites et 55 298 000 t consommées en 2018, la Chine représente la moitié de la production et de la consommation mondiale, selon l’USDA. Cette baisse de production chinoise provoquerait un gigantesque appel d’air. Ceci n’est pas sans conséquences sur les échanges mondiaux.
L’appel d’air chinois profite aux exportateurs des pays tiers
L’ensemble des importations chinoises de viande porcine a progressé de 9,1 % sur les trois premiers mois de 2019. Avec 379 455 tonnes de viande importées en provenance de l’UE au premier trimestre, soit une croissance de 22 % par rapport au premier trimestre 2018, les pays européens se taillent la part du lion. L’Espagne et l’Allemagne demeurent les premiers fournisseurs européens, avec 120 567 t et 114 170 t envoyées au premier trimestre 2019, soit des hausses respectives de 44,2 % et 17 %. La France progresse de 24,8 % avec 33 774 t, mais certains intervenants lors de l’assemblée générale estiment qu'elle devrait faire plus d’efforts pour gagner des parts de marché à l’exportation. En 2018, les exportations totales françaises ont reculé de 3,4 %, tandis que celles des Espagnols ont progressé de 10 %.
Beaucoup d’incertitudes
La concurrence est de mise dans un contexte sanitaire et géopolitique tendu. Avec la PPA en Belgique, certains marchés asiatiques pourraient se fermer aux importations des pays frontaliers. La Russie pourrait aussi combler son déficit interne de 2018 et exporter vers la Chine grâce à une production 2019 prévue haussière de 3,2 %. Les volumes brésiliens exportés vers la Chine ont bondi de 208 % en 2018. Face à la montée de la tension commerciale entre Washington et Pékin, les volumes américains ont en revanche baissé de 48,3 % en 2018. Quant au Canada, ses exportations vers la Chine ont été interdites depuis le 25 juin.
Plusieurs incertitudes demeurent sur l’avenir de la filière porcine et des échanges internationaux. Le déficit de viande porcine en Chine est tellement grand que les importations des pays tiers pourraient ne pas être en mesure de le combler. Les Chinois pourraient aussi intégrer d’autres protéines dans leur régime, avec une consommation qui se reporterait vers la volaille, la viande bovine, voire les protéines végétales.