Querelle sans nom pour le porc cul noir du Limousin
Les éleveurs de porc de Saint Yrieix la Perche en Haute-Vienne sont en colère. Un transformateur limousin, charcutier de son état, s’est ni plus ni moins approprié le nom de leur fameuse race « Cul Noir » en le déposant comme appellation. La démarche administrative, à laquelle personne n’avait pensé depuis le 16ème siècle (époque où l’on commence à évoquer les premiers cochons de Saint Yrieix) risque de poser de gros problèmes aux 45 professionnels de la filière qui ne pourraient plus théoriquement utiliser le nom. De quoi ruiner les efforts d’une décennie de communication sur ce thème, pour un produit de niche en voie de reconnaissance, qui, avec sa production de 1.200 têtes par an commençait à se faire une réputation au niveau national.
Patrimoine
« L’image de qualité que nous avons développée est fortement touchée si cela se confirme, et si nous ne réagissons pas, souligne le syndicat des éleveurs. Nos clients sont les premiers à demander le terme ‘Cul Noir‘ qui fait partie du patrimoine local.»
André Caillaubaud, par qui le scandale est arrivé, affirme ne pas avoir eu d’intention maligne et avoir simplement enregistré l’appellation en 2002. Il aura pourtant, si le dépôt lui est définitivement attribué, toutes possibilités d’action dès lors que l’on voudra utiliser le nom «Cul Noir». Il pourrait devenir le seul à pouvoir l’employer, tout en exigeant des droits d’auteur à ceux qui voudraient le faire.
Le pire est peut-être à venir pour les cochons arédiens qui n’avaient pas besoin de cette bataille juridique pour leur notoriété. Mais l’affaire pourrait aller beaucoup plus loin, et faire jurisprudence, car jamais personne n’a pensé à déposer les autres origines carnées. Ainsi de La Limousine, de la Charolaise, etc.. dont le patronyme n’appartient - pour l’instant - à personne. « Le bureau des ressources génétiques du Ministère de l’Agriculture nous a toujours affirmé que le dépôt des noms de races était impossible,s’emporte le responsable du syndicat. Si cette histoire ne trouve pas rapidement d’issue, l’ensemble des races pourrait être menacé, les éleveurs ne pouvant plus utiliser leur appellation, le propriétaire de son côté pouvant faire n’importe quoi avec elle. »