Produits laitiers : « il va y avoir des tensions sur les PGC »
Les Marchés : Bongrain et Sodiaal viennent de regrouper certaines filiales de produits fromagers. Dans le même temps, 50 % de Yoplait pourront être revendus par PAI. D’où vient ce dynamisme dans les opérations interentreprises ?
Jehan Moreau : Certaines opérations étaient déjà dans les tuyaux. Mais nous avons vécu deux années difficiles, avec le contrecoup des accords de Luxembourg sur le lait. Nous avons également dû faire face à une situation complexe sur la fixation du prix du lait ce qui a entraîné des lourdeurs. Aujourd’hui, cette problématique est moins d’actualité. Cela a entraîné les entreprises à rediscuter, et à ne concrétiser les opérations que maintenant. Il ne faut pas y voir une accélération due aux revenus générés par les produits industriels. Les périodes moins tendues en termes de marché sont plus favorables à la finalisation d’accords, et il y a eu des changements de dirigeants qui se sont révélés décisifs. Il faut profiter de ces moments, et on voit de beaux projets dans la filière. Comme l’usine de Danone à Ferrières, en direction du marché nord-européen (45 M Eur d’investissement, pour créer l’une des plus grandes usines de produits laitiers frais en Europe NDLR).
L.M. : Cette concentration va-t-elle toucher l’ensemble des produits
laitiers ?
Jehan Moreau : Elle porte surtout sur des produits de grande consommation. C’est un positionnement commercial qui constitue une réponse à la grande distribution, elle-même très concentrée. En camembert, nous avons de nombreuses PME avec la fromagerie Réaux, Fléchard (repreneur de Gillot) et Graindorge. ça permet de maintenir une activité locale. Quand les productions sont plus faibles, les PME sont également présentes. Lactalis s’est par exemple désengagé du Chaource. A l’inverse, le Reblochon ou le Saint-Nectaire attirent du monde.
L.M. : Des points négatifs sont apparus avec une baisse de la collecte et une demande croissante. Comment concilier ces deux tendances antagonistes ?
Jehan Moreau : Nous n’imaginions pas que la collecte suivrait ce profil actuel de forte sous réalisation. On se retrouve avec une situation difficile sur les produits industriels et sur la matière première qui subissent des hausses. Il va également y avoir des tensions sur les PGC. Cela vient se télescoper avec les politiques tarifaires de la grande distribution qui doit faire attention à ses prix. Les GMS vont devoir intégrer des hausses techniques sur les produits laitiers, et ce sont les PME, qui fabriquent des PGC, qui vont être le plus sous pression.