Prix stagnants, stocks alourdis
Malgré une conjoncture plutôt favorable pour nos exportations de blé vers les pays tiers avec un dollar qui remonte sur l’euro, le contexte reste lourd. Les prix ne décollent guère et les perspectives sont toujours aussi médiocres pour cette campagne.
Période du 1er au 8 février. Les marchés financiers se sont beaucoup agités (vers le bas) ces derniers jours. Cette agitation s’est traduite, entre autres, par un net retrait de l’euro par rapport au dollar, phénomène en principe favorable aux exportations de céréales européennes. Malgré la domination russe et kazakhe, la France a d’ailleurs réussi à placer 60 000 tonnes de blé dans le dernier appel d’offres égyptien sur un total de 240 000 tonnes adjugées. Les pays importateurs restent au marché pour bénéficier des prix bas ; ainsi, l’Irak vient d’acheter 400 000 tonnes de blé canadien, et pour une petite partie, allemand. Cette ouverture internationale pourrait profiter au blé français, qui jouit d’un bon courant vers l’Algérie et le Maroc. Et c’est sans doute dans cet espoir que FranceAgriMer, lors de son conseil céréales du 10 février, a réajusté ses prévisions d’exportation vers les pays tiers en hausse de 100 000 t, à 8,6 millions de tonnes. Malheureusement, l’établissement à réduit de 200 000 tonnes ses espoirs de livraisons à l’Union européenne (UE) et le stock de report a franchi la barre des 4 millions de tonnes, à 4,13 millions de tonnes. Ce stock lourd pèse sur les transactions et les prix ; les cours du blé et des autres céréales demeurent stables à un médiocre niveau. Le blé standard en rendu Rouen évolue dans une fourchette étroite de 113-115 euros, le blé fourrager départ Beauce est passé sous la barre des 100 euros. Ce sont des prix que la plupart des observateurs estiment planchers, mais les arguments commerciaux manquent pour en espérer un redressement notable.
Alourdissement du stock de maïs
Le record des bas prix reste détenu par l’orge fourragère, sous les 95 euros rendu Rouen et 82-83 euros, départ Beauce. À ce niveau de prix on peut s’étonner du manque d’entrain pour les offres à l’intervention, qui atteignent en France 609 0000 t sur un total de 3,1 millions de tonnes pour l’UE, alors que le stock français de report d’orge a une fois encore été revu à la hausse par FranceAgriMer, à 4,1 millions de tonnes, pratiquement autant que le stock de blé. Les prévisions d’utilisations par les Fab sont maintenues au bon niveau de 1,6 million de tonnes, mais les exportations totales, UE et pays tiers, sont abaissées de près de 200 000 t. Les cours excessivement bas de cette campagne auront probablement contribué à la baisse des emblavements en orge d’hiver estimés par le ministère de l’Agriculture à 1,24 million d’hectares soit 6 % de moins que l’an dernier, alors que la surface blé progresserait de 3,7 % avec 4,91 Mha.
Les prix attractifs des céréales à paille nuisent à l’utilisation du maïs dans l’alimentation animale, mais FranceAgriMer maintient ses estimations d’incorporation à 2,6 millions de tonnes. Les ventes à l’UE sont réduites de 300 000 t et la collecte étant augmentée de 200 000 t, la prévision de stock de report est augmentée de 640 000 t à 2,68 millions de tonnes, ce qui est lourd à supporter pour les prix.