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Poules de réforme : « Nous continuons à nous orienter vers l’export » explique Ronald Ajavon

La consommation de poule pondeuse cale en France depuis des années. Rare sont les professionnels qui essayent de relancer la consommation. Ils préfèrent développer leurs activités à l’export. L'Afrique subsaharienne est un marché très prisé car très demandeur. 

poule au rayon volaille en supermarché
Alors que les Français consomment peu de poules de réforme, l'export est un débouché clé
© Virginie Pinson

« Il n’y a pas assez de poules pour les trois grands abattoirs du Grand-Ouest donc, ce qui fait grimper les prix de la poule pondeuse de réforme. Néanmoins, quand le prix de l’œuf est bas, le marché regorge de poules et leur prix baisse », atteste Ronald Ajavon, dirigeant de la société des volailles de Plouray. Pour la période allant de 2016 à 2019, environ 54 millions de poules pondeuses d’œuf de consommation ont été abattues chaque année. 30 millions étaient transformés dans les outils français, principalement dans le Grand-Ouest qui abrite 94 % des abattoirs de poules pondeuses. Les 24 millions restant traversaient les frontières en direction de la Belgique, des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la Pologne évalue FranceAgriMer. A cela, s’ajoute près de 8 millions de poules de reproduction, dont 4,4 millions transformés en France, et 3,6 millions hors de l’Hexagone. 

Des coûts d'abattage inégaux en Europe

« Les coûts de production doivent être moins élevé en Belgique et en Espagne. Des poules françaises sont abattues dans ces pays puis vendus à des prix inférieurs aux nôtres », s’interroge Ronald Ajavon. « Les prix ont quasiment doublé depuis 2021 en raison de la hausse du coût de l’électricité, de la main d’œuvre et de la grippe aviaire qui a créé une diminution du cheptel de poules. La situation s’étant améliorée, nous nous attendons à une baisse dans les semaines ou mois à venir », complète le directeur. 

«  La règlementation semble plus souple en Espagne qu’en France ».

D'autre part, il constate qu’« il est parfois difficile de s’adapter aux règles du marché. La règlementation semble plus souple en Espagne qu’en France ».

 Une consommation de poule morose en France 

« Nous ne percevons pas de changement de consommation en France métropolitaine. Nous continuons donc à nous orienter vers l’export », explique Ronald Ajavon. D'après FranceAgriMer 20 à 25 % de la production française était destinée au marché intérieur en 2021. Le commerce de détail, la restauration hors domicile, l’industrie agro-alimentaire et l’alimentation des animaux domestiques sont cités comme les principaux débouchés.  

L'Afrique comme débouché pour la poule française

Près de 70 % de la viande de poule produite en France serait exportée vers l’Afrique subsaharienne. Là-bas, cette viande est prisée. Elle s’accorde avec certaines habitudes culinaires, comme les plats en sauce à cuisson lente. « La société des volailles de Plouray exporte de la poule emballée essentiellement vers les DOM-TOM et l’Europe de l’Est mais aussi en direction de l’Afrique subsaharienne », estime Ronald Ajavon. 

Le Bénin, porte d'entrée des poules

Le Bénin est l’une des principales portes d’entrée pour les poules françaises. Cependant, « 95 % des envois de volailles à destination du Bénin sont réexportés vers le Nigéria. Depuis le début des années 2000, le pays a interdit les importations de volaille. Néanmoins, la demande est présente. Les volailles sont transportées par la route du Bénin au Nigéria voisin », explique Ronald Ajavon. 

« Le gouvernement béninois [met] en place des politiques douanières, des taxes »

« Le gouvernement béninois essaie de se prémunir de l’offre extérieure en mettant en place des politiques douanières, des taxes bien que la demande locale soit toujours présente », renchéri le jeune dirigeant. 

Un manque de devises 

Vers ces pays, la sensibilité aux conjonctures de marché est encore plus frappante. « L’évolution du prix du fret n’a que peu de conséquence sur notre activité dans un contexte normal bien entendu. C’est plutôt la demande qui dicte le marché », soutient le directeur. « En Afrique subsaharienne, on rencontre des difficultés de paiement. Les clients paient mais les banques manquent de devises. Il faut attendre parfois trois mois avant que nous obtenions les paiements », déplore Ronald Ajavon. 

Lire aussi : Fret maritime : pourquoi cette nouvelle hausse des prix du transport par conteneur ?

Une forte concurrence du Brésil, de la Turquie 

En plus des difficultés de paiement, nombreux sont les acteurs qui veulent profiter de l’attractivité de ce marché. « Nous subissons la concurrence brésilienne, belge et turque. Leurs prix sont beaucoup plus compétitifs que les nôtres. Cependant, la France est un gage de qualité, ce qui nous permet de conserver des parts de marché », constate le dirigeant.

« Cependant, la France est un gage de qualité, ce qui nous permet de conserver des parts de marché »

 « Ces deux derniers mois, la Turquie a sorti beaucoup de poules donc les prix de ventes au départ de la Turquie ont chuté », indique le directeur. Pour gagner des parts de marché, l’entreprise mise sur la qualité. « La poule emballée est le cœur de métier de la Société des Volailles de Plouray. C’est une volaille premium ». 

Intérêt pour le marché sud-africain

« L’ouverture du marché sud-africain serait bénéfique pour nous et pour tous les opérateurs français du monde de la volaille. Le pays nous a fermé ses frontières depuis 2015 en raison de la grippe aviaire. Aujourd’hui il s’est ouvert à l’Espagne. Une réouverture aux poules françaises pourrait augmenter nos exportations », espère Ronald Ajavon. 

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés un lundi sur deux et couvre une période de deux semaines. La CPR (Cotation poule de reproduction) est publiée dans Les Marchés un lundi par mois et couvre une période de quatre semaines. Ces deux cotations sont réalisées en contactant les opérateurs la fin de semaine précédant le lundi de la publication. 

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