PAC : le monde agricole déplore la «dérégulation»
A bien des égards, le bilan de santé de la PAC conclu par les ministres de l'Agriculture, peut décevoir le monde agricole français. Les quotas laitiers vont continuer à augmenter jusqu'à leur démantèlement total en 2013, la quasi totalité des production vont voir leurs aides découplées et les outils de gestion des marchés sont affaiblis. Sur ces trois points cependant, le compromis ne réserve pas de mauvaises surprise supplémentaire. L'augmentation de 1% des quotas moyennant des soutiens spéciaux aux éleveurs laitiers était annoncée. Une aide d'Etat sera autorisée par Bruxelles jusqu'en 2014, dans la limite annuelle de 55 % du plafond des aides couplées (3,5 % au titre de l'article 68) en plus du soutient sectoriel autorisé. Le secteur pourra bénéficier de mesures d'accompagnement cofinancées jusqu'aux trois quarts par l’Europe et par les fonds issus de la modulation des aides (aux cultures arables notamment), celle-ci étant relevée. De plus, les achats publics de beurre et poudre sont maintenus.
Boîte à outils
Deuxième déception : la plupart des aides directes encore « couplées » à la production seront intégrées dans le paiement unique : dès 2010 pour les cultures arables, 2012 pour les bovins et veaux (sauf vache allaitante), la pomme de terre de fécule et les fourrages séchés.
Troisième sujet de mécontentement : les outils de régulation que sont l'intervention et le stockage privé sont restreints ou supprimés. Ainsi l'intervention est maintenue pour le blé dur, le riz, l'orge et le sorgho, mais avec un plafond fixé à zéro comme pour le maïs aujourd'hui. L'aide au stockage privé disparaît pour la viande de porc.
L'élevage allaitant, bien que non touché directement, craint de pâtir indirectement de la poursuite de la dérégulation en céréales et en lait. L'aggravation de la volatilité des prix aura des conséquences sur les prix de l'aliment et les difficultés dans le lait peuvent désorganiser le marché de la viande, analyse l'élu de la FNB en charge du dossier PAC. En revanche, Michel Barnier hérite d'une boîte à outils bien fournie pour rééquilibrer les aides vers l'élevage, relèvent les présidents de la FNB et de la FNO ; à lui de l'utiliser.