PAC : la Bretagne dévoile ses batteries
Les chambres d’agriculture de Bretagne ont fait valoir, vendredi 16 janvier, leur position au sujet du débat en France sur la réorientation des aides de la Politique agricole commune, un cadre que chaque Etat membre devra fixer avant le 1er août 2009 pour une mise en œuvre en 2010. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle tranche avec tout ce qui a été dit jusqu’à présent.
Pour éviter une trop importante hémorragie des aides européennes à destination de l’agriculture bretonne, les chambres d’agriculture suggèrent d’établir « le principe d’une franchise d’une cinquantaine d’hectares afin de neutraliser les prélèvements qui pourraient mettre en difficulté un certain nombre d’élevages », explique Olivier Alain, vice-président de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, en charge des affaires économiques.
Selon lui, ce dispositif pourrait prendre en compte la notion d’exploitation de dimension économique insuffisante. Il apporterait de l’équité entre les agricultures françaises, les petites exploitations et celles qui cultivent des céréales sur plusieurs centaines d’hectares. Si elle était acceptée par l’Etat français – les Etats membres ont désormais toute latitude pour choisir les outils de leur politique agricole dans le cadre européen –, cette disposition limiterait les prélèvements sur l’agriculture bretonne.
Les chambres d’agriculture de Bretagne ont calculé que la réorientation des aides européennes distribuées par la France vers des dispositifs peu développés en Bretagne figurant dans l’article 68 (prime à l’herbe, lait de montagne, ovin, protéagineux, etc.) lui enlèverait « entre 114 et 210 millions d’euros d’aides chaque année, soit une moyenne de 160 millions d’euros sur un total de 570 », poursuit Olivier Alain. Le revenu par actif en Bretagne (11 000 euros par an contre 20 000 euros en France) encaisserait une baisse alors qu’il se situe déjà au 19e rang des régions françaises.
Le poids breton pas pris en compte
La Bretagne agricole regrette que la France n’ait pas pris en compte le grand nombre d’exploitations en activité dans la région : 8 500 par département en moyenne avec une surface agricole utile de 54 hectares en moyenne. Pour le reste, les responsables des chambres bretonnes réclament de la France qu’elle choisisse plutôt l’article 64 qui permet « de revaloriser ou créer de nouveaux DPU à partir de l’enveloppe des nouvelles aides découplées (…), sur les hectares admissibles en fruits et légumes, et pour toutes les surfaces fourragères ».