Œufs : le marché est fragilisé
L'épidémie de grippe aviaire n'avait pas sensiblement affecté la consommation d'œuf au début du mois de mars. Les prix sont là pour le constater puisque la moyenne de la TNO pour les calibres L et M se situait alors 5,73 euro/100 œufs.
Excepté en 2004, après la flambée des prix qui a fait suite à l'abattage d'une grande partie du cheptel néerlandais, c'est d'ailleurs le prix le plus élevé constaté à cette période depuis 1997 ! Mais l'inquiétude est vive quant à l'évolution des ventes dans les semaines à venir, tant il est impossible de savoir si l'épizootie va se propager, si des poules devront être abattues, comment vont se comporter les centrales d'achats et le secteur stratégique des ovoproduits.
On peut rappeler qu’en 2005, près de 300.000 t équivalents œufs coquille, soit plus de 30 % de la production totale d’œufs ont été dirigées vers l’industrie, pour une part de marché en hausse de 3,7 %.
Certains gros faiseurs de la RHD, comme Sodexho, ont suspendu la semaine dernière l’utilisation de tous les produits à base d’œufs crus ou cuits à des températures inférieures à 70°C... Est-ce que ce mouvement sera suivi ?
Recul des mises en place françaises
Ce qui est sûr, c’est que la situation n’est pas sans conséquences sur les mises en place, et qu’un certains nombres d’œufs normalement destinés à être couvés cherchent maintenant d’autres débouchés...
La production était déjà en recul depuis la fin de l’été, et selon les estimations du SCEES, on attendait un repli de 0,9 % au premier trimestre, par rapport à l’an passé.
Au contraire de la situation française, selon le modèle SCEES ITAVI CNPO, la production européenne à quinze amorcerait une reprise depuis la fin de l’été 2005. Cependant, cette hausse est toute relative, puisqu’aux Pays-Bas 2006 débuterait en léger repli, après avoir recouvert son potentiel en 2005. En Espagne, si la production amorce une timide reprise, c’est après s’être replié de 7,8 % sur les 8 premiers mois de 2005. Enfin, la reprise de la production allemande annoncée depuis plusieurs mois ne s’est pour l’instant pas confirmée, et tendrait encore à s’effriter...
Dégradation de la balance commerciale
Le premier bilan de l’année dernière laisse apparaître une dégradation de la balance commerciale. Depuis le printemps, selon Agreste, les volumes d’œufs coquilles échangés ont progressé de façon plus nette à l’import qu’à l’export. Mais les prix d’achat ont reculé de 11,5 %, alors que ceux à la vente ont peu évolué. Le déficit commecial s’élève à 2,3 millions d’euros, contre 1,1 en 2004.
L’Allemagne est restée notre principal client, et représente 30 % du total de nos exportations, avec une demande en progression depuis le printemps.
Comme en 2004, l’Espagne a quant à elle fournit les deux tiers de nos importations.
Du côté des ovoproduits, les exportations françaises se sont repliées de 11 %. L’excédent, qui était de 37,7 millions d’euros en 2004, s’est établi en net recul à 23,8 millions, suite à une baisse marquée de la valeur des produits... La différence est marquée entre ovoproduits liquides, dont le déficit s’est accentué, et ovoproduits séchés, dont l’excédent augmente...