Aviculture
Œuf : croissance erratique de l’offre française
L’année 2019 pourrait être marquée par un développement de la production d’œufs en Europe. La France suivrait le mouvement mais par à-coups et plutôt en fin d’année.
Selon Bruxelles, la production d’œufs en Europe pourrait approcher les 6,709 millions de tonnes cette année, dépassant ainsi de près de 1,6 % son niveau de 2018. Une croissance à rapprocher d’un développement des volumes en Espagne (+28 000 t), au Royaume-Uni (+27 000 t), en France (+18 000 t) et en Pologne (+8 000 t). Ces prévisions ne font pas l’unanimité dans l’Hexagone ; la réalité pourrait être plus complexe, l’augmentation des volumes s’annonçant irrégulière.
Hausse de l’offre par à-coups
La filière accélère sa transition vers plus d’élevages alternatifs à la cage. Pour une grande partie des intervenants, de nouveaux bâtiments (en plein air et en bio surtout) vont voir le jour et entrer en production ces prochains mois, tandis que les travaux pour transformer – totalement ou partiellement – des élevages de poules en cage en élevage au sol vont être plus nombreux.
Ces modifications laissent entrevoir une augmentation modérée de l’offre d’œufs de poules élevées au sol (code 2), en plein air (code 1) ou en bio (code 0) ces prochains mois. Un développement plus rapide est probable sur la seconde partie de l’année et surtout à compter du dernier trimestre 2019 voire début 2020, anticipe-t-on dans la filière.
À l’inverse, il faut s’attendre à une baisse régulière des tonnages d’œufs de poules en cage (code 3), avec des périodes de creux liés à l’arrêt de bâtiments pour transformation partielle, mais qui reviendront en production quelques mois plus tard, à un niveau d’activité toutefois moins important qu’avant travaux.
À noter, la hausse de la production pourrait par ailleurs être freinée par les effets de la modification en août 2018 des modalités de surveillance et de lutte contre les infections à salmonelles dans les élevages de poulettes et de poules pondeuses. Celles-ci se traduisent depuis plusieurs mois par une recrudescence d’abattages anticipés et d’interruption forcée de la production.
Pression modérée sur les prix
Sur le marché du conditionnement, l’augmentation de l’offre en codes 1 et 0 ne devrait pas être synonyme de forte pression tarifaire, estime-t-on dans la filière. Plein air et bio devraient encore profiter d’une demande assez dynamique pour absorber sans difficulté les volumes supplémentaires. Seuls des pics d’offres de petits œufs et d’œufs de fin de ponte pourraient être relevés laissant ponctuellement les prix sous pression. En codes 2 et 3, tout semble dépendre des volumes qui seront engagés par les distributeurs. Or, les stratégies restent très partagées et difficilement quantifiables puisque pouvant varier selon la réponse des Français à l’offre proposée.
Les prix des œufs tout-venant destinés à l’industrie dépendront pour leur part, en premier lieu, de la place de l’origine France dans les cahiers des charges et, dans un second temps, des capacités des entreprises d’ovoproduits à garantir leurs approvisionnements. Or, du côté des utilisateurs d’ovoproduits, on semble hésiter. Si quelques-uns jugent certains œufs européens moins risqués que lorsque le fipronil hantait les esprits, d’autres souhaitent conserver un approvisionnement uniquement français.