Alimentation animale
Nutriciab sécurise ses approvisionnements en bio
En 2019, l’usine Soleil de Loire d’Ambillou-Château a trituré 10 000 tonnes de graines de soja bio, et permis de sécuriser les approvisionnements en tourteaux et huiles bios de l’usine d’aliments bios pour animaux Mercier. Les deux entreprises appartiennent à Nutriciab.
L’un des enjeux majeurs des productions animales bios est de sécuriser les approvisionnements de l’alimentation de leurs animaux. La Coopérative interdépartementale des aviculteurs du bocage (Ciab) l’a bien compris et a investi en 2017 dans la trituration de graines de soja bios. Sa filiale Soleil de Loire d’Ambillou-Château (Loire-Atlantique) travaille exclusivement du soja. Elle traite trois types de graines : une majorité de graines bios françaises (principalement du Sud-Ouest, mais espère des graines locales dans les années à venir), des graines C2 françaises (en seconde année de conversion en bio) et des graines bios africaines. Elle a atteint les 10 000 tonnes en 2019.
Après cuisson et pressage dans un processus de transformation continu (7j/7 et 24h/24), 1 tonne de graines donne 0,8 tonne de tourteaux. Il est, dans cette filière, le produit « noble », car c’est de protéines que les filières bios manquent le plus souvent.
Une tradition de partenariat
« Nous avons repris cet outil en 2017 avec notre partenaire Biograins, filiale de la coopérative CAPL qui avait identifié son potentiel alors qu’il risquait de fermer. Créé en 2009, le site triturait du colza et du tournesol pour ses apporteurs locaux rassemblés en Cuma. Nous avons revu totalement le process pour triturer des graines de soja », expliquent Alexandra Métivier, responsable de l’unité Soleil de Loire, et Matthieu Billot, son directeur. Il assure également la direction des Aliments Mercier, usine d’aliments de Beaulieu-sous-la-Roche (Vendée) qui absorbe l’immense majorité des tourteaux et de l’huile produite ici, et d’Arrivé Nutrition animale (Saint-Fulgent, Vendée).
Il s’agit de trois des neuf filiales de Nutriciab, la holding de la Ciab (380 M€, 370 salariés dont plus de 60 dédiés au bio). Une coopérative en bonne santé avec, notamment, une progression de 2,7 % de production de volailles en 2019 (37 millions de volailles conventionnelles, sous label ou bio ; soit 95 000 t).
Ses 366 coopérateurs se répartissent entre les Deux-Sèvres et la Vendée. Ils sont spécialisés en volaille de chair, que ce soit pour le poulet du quotidien (170 éleveurs) ou pour les signes de qualité (146 en label et en bio), et en lapin (50 éleveurs, soit 32 000 cages mères). Leurs filières se complètent avec leur débouché majeur, Maître Coq et leurs propres abattoirs, Savic (1 % de bio) et Freslon (filiale des Aliments Mercier, 45 % de bio) qui font l’objet d’un programme d’investissement cette année. Ce dernier abat des volailles bios et des volailles label Rouge, notamment celles du groupement des éleveurs de Challans et celles des éleveurs de VBO (Volailles bio de l’Ouest).
Le choix de l’indépendance
En 2010, lors du rachat de Maître Coq par le groupe LDC, les éleveurs de la Ciab, fournisseur historique de la marque, ont choisi de rester indépendants et d’assurer l’alimentation de leurs volailles à partir de leur propre usine, Arrivé à Saint-Fulgent. Puis Nutriciab a repris l’usine de Bellanné à Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres). Les Aliments Mercier de Beaulieu-sous-la-Roche, historiquement spécialisé dans les labels et le bio, les ont rejoints en 2012. Cette usine, désormais 100 % bio, constitue la base de la filière bio de la Ciab. En 2019, elle a fabriqué 30 000 tonnes d’aliments essentiellement pour les volailles de chair, mais également pour les pondeuses, les porcs et les ruminants. Ses cinq camions livrent dans une large zone de l’ouest de la France.
Pour répondre à la demande de Biocoop
« Le bio s’est très tôt constitué en filière chez nous », se rappelle Florence Mallard, responsable qualité et administratif d’Aliments Mercier, fille du précédent propriétaire. « Pour répondre à la demande de Biocoop qui exige notamment des formules d’aliments composés de matières agricoles à 100 % bios et non avec les 5 % de conventionnel tolérés par la réglementation, Freslon et l’usine d’Aliments ont organisé la filière. Les éleveurs intéressés se sont constitués en association puis en coopérative, la VBO. Avec ces éleveurs, notre acheteur peut par ailleurs signer des contrats tripartites pour les matières premières bios avec une garantie de prix sur plusieurs années. Dans tous les cas, nous privilégions les approvisionnements locaux », précise-t-elle.
L’une des difficultés des filières biologiques est de sécuriser leurs approvisionnements : « il s’agit vraiment d’un marché de disponibilité, en général très peu liquide, d’où son importance pour notre service achat et formulations, centralisé à Saint-Fulgent. Certaines origines ont toujours été interdites chez nous par manque de garanties suffisantes », explique Matthieu Billot. Participation au plan de contrôle collectif Oqualim Bio en sus du plan d’analyse de l’usine, contrôles documentaires des lavages de camions selon le cahier des charges Qualimat Transport, multiplications des matières premières en petits volumes, faibles tailles des lots de produits finis sont autant de particularités d’une telle usine bio. « Nous n’avons pas toujours les mêmes matières premières en bio qu’en conventionnel, c’est pourquoi nous valorisons des matières premières moins classiques comme le sainfoin », mentionne Joël Maquignaud, directeur du site Aliments Mercier à Beaulieu.
Près de 600 000 t d’aliments pour animaux
La Ciab a fabriqué 590 000 tonnes d’aliments pour animaux en 2019, avec une majorité de volailles de production (41 %) et volailles reproductrices (12 %). Suivent les canards (2 %), les lapins (9 %), les porcs (12 %) et les ruminants (20 %). L’essentiel de sa production est fabriqué en Vendée à Saint-Fulgent (305 000 t) et Beaulieu-sous-la-Roche (30 000 t), mais elle s’est également implantée dans les Deux-Sèvres à Nueil-les-Aubiers (175 000 t), en Creuse à Saint-Léger-Bridereix (50 000 t de mash), sans oublier ses participations dans le négociant J.M. Godet de Loches (Indre-et-Loire). Il pèse 30 000 tonnes de matières premières et d’aliments. « Nous avons également une participation très minoritaire chez le producteur d’insectes Nextalim de Poitiers pour comprendre et suivre l’évolution de ce secteur », précise Matthieu Billot, directeur de Soleil de Loire.