L’avis du Culture Viande
« Notre projet : un guide de bonnes pratiques et une grille d’autoévaluation »
Les Marchés Hebdo : En quoi consistera votre projet d’amélioration du bien-être animal ? En quoi Tierwohl, le label allemand bien-être animal, présenté lors de l’assemblée générale, vous a-t-il influencé ?
Mathieu Pecqueur : Ce qui est fait en Allemagne avec le label Tierwohl est unique et transversal, se concentrant beaucoup sur l’amont de la filière. Notre projet ne consiste pas en un label, mais en un dispositif d’autocontrôle auprès des entreprises, concentré sur le chaînon abattoir. Nous n’avons pas voulu de labellisation, car cela impliquerait une segmentation de l’offre et une concurrence. On préfère que ce projet s’applique à toute la collectivité. Cet outil est une grille d’évaluation très technique que nous avons construite au niveau de l’interprofession, afin que chacun puisse s’évaluer par rapport au guide des bonnes pratiques, lui-même validé par l’État. Elle est en phase de test dans quelques entreprises depuis le mois de juillet, on commence à avoir les premiers retours. Notre objectif est de la terminer pour la fin de l’année 2018, et la mettre à disposition de tous pour début 2019. Sa conception n’a pas nécessité un investissement financier très lourd, mais a surtout été très chronophage.
LMH : Que pense la grande distribution de cet outil ?
M. P. : Le guide des bonnes pratiques et la grille d’autoévaluation ont été créés dans le cadre de l’interprofession, dont fait partie la grande distribution via la Fédération du commerce et de la distribution. Un certain nombre d’enseignes voulait un dispositif d’audit qui leur était propre, mais nous n’étions pas de cet avis. Nous avons défendu notre souhait de voir un outil collectif. Cela aurait été improductif d’avoir une multitude d’audits alors qu’il n’y a qu’un seul guide de bonnes pratiques.
LMH : Pouvez-vous donner un exemple sur ce que la grille permet d’évaluer ?
M. P. : La grille est très riche et comporte plus de 130 indicateurs, évaluant certains points d’ordre réglementaire, d’autres liés aux bonnes pratiques. Elle va plus loin que la réglementation actuelle. Elle s’intéresse par exemple à la conception des couloirs d’amenée pour les animaux, l’objectif étant qu’ils avancent sans difficulté. Sur ce point, cinq indicateurs sont prévus, dont la largeur du couloir, qui doit être adaptée au gabarit des animaux, ou des couloirs dépourvus de virage serré. Elle permet d’évaluer aussi le comportement des opérateurs auprès des animaux, s’assurant d’avoir une position adaptée par rapport à l’animal ou de ne pas faire de geste brusque.