L’opération vaccination en 5 points
L’aviculture française attend avec impatience la vaccination contre l’influenza aviaire. L’opération et ses conséquences sur le commerce retiendront l’attention des autres pays de l’Union européenne.
L’aviculture française attend avec impatience la vaccination contre l’influenza aviaire. L’opération et ses conséquences sur le commerce retiendront l’attention des autres pays de l’Union européenne.
Les épidémies successives d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) ont mis en échec les mesures de biosécurité et de prévention. En particulier, le confinement et les prélèvements sur lingettes dans les bâtiments d’élevage se sont révélés inefficaces devant la rapidité de contagion par voie aérienne.
1 Pourquoi vaccine-t-on les canards ?
Dès octobre 2023, selon le ministère de l’Agriculture, la France doit disposer d’un vaccin pour canards d’élevage. Les expérimentations sur les Mulard (canards gras) Barbarie et Pékin (canards de chair) sont fructueuses. Le canard excrète du virus par simple respiration pendant plusieurs jours, voire une semaine, avant de souffrir de la grippe. Il contamine ainsi les autres espèces. Les interprofessions du canard de chair (Cicar), celle des palmipèdes à foie gras (Cifog) et de la volaille de chair (Anvol) partagent la même conviction.
2 « Dédensifier » en Pays de la Loire avant la vaccination
Dans les 45 communes des Pays de la Loire les plus denses, les mises en place de canetons de chair et à foie gras se sont arrêtées début-juillet. Objectif : ne mettre en place à partir de cet automne que des canetons vaccinés. Les conséquences pour le canard de chair devraient être une réduction de la production nationale annuelle de 23 à 20 millions de canards, selon le Cicar. Le déficit ne pourra être compensé dans d’autres lieux, car les bâtiments d’élevage du canard de chair sont particuliers. Les Pays de la Loire concentrent les trois quarts de la production de canards de chair en France ainsi que ses couvoirs.
3 Quel protocole ?
La vaccination s’effectuera en deux injections, une première injection et son rappel, et s’accompagnera d’un protocole de surveillance dit « monitoring », visant à démontrer que les canards vaccinés ne sont plus porteurs du virus, conformément aux règles du commerce international.
4 Les conséquences à l’export
L’Anvol appréhende trois réactions possibles des pays tiers acheteurs de génétique aviaire ou de viandes de volaille : aucun changement ; légale et réticence des importateurs ; refus à visée protectionnisme. L’interprofession croit à la mise en branle par l’État français d’une « diplomatie sanitaire active » afin de lever les freins institutionnels et commerciaux. À la mi-mai, il apparaissait que la moitié des pays clients de Hendrix France étaient a priori contre l’importation de produits génétiques en cas de vaccination anti-IAHP.
5 D’autres pays du canard attendent de voir
L’élevage de canards de chair en Allemagne ou en Pologne (du Pékin dans ces deux pays) est moins concentré et, donc, l’influenza y est plus facile à circonscrire. La vaccination n’est pas envisagée, pas plus dans les autres pays du canard gras que sont la Hongrie, la Bulgarie ou l’Espagne. L’Anvol sait que les pays membres et les pays tiers exportateurs de volailles observeront de près comment la France va gérer cette opération et comment réagiront les importateurs.
L’avis de Guy-Marie Brochard, président du Cicar
« Des clients à reconquérir en canard de chair »
« La dédensification volontaire du canard de chair dans les Pays de la Loire est un nouveau risque pour notre marché intérieur et nos exportations, après l’effondrement de la production due à l’influenza. Environ 65 % de la production nationale est exportée, et l’Allemagne est depuis plusieurs années le principal pays importateur. Le canard de Barbarie, spécialité française, est très prisé en Allemagne, mais il va nous falloir récupérer des clients. La vaccination est aussi un risque pour l’exportation hors d’Europe. À plus long terme, il est envisagé d’excentrer une partie de la production de canards de chair d’ici à 2030, qui est aux trois quarts dans les Pays de la Loire, génétique comprise. La principale raison est sanitaire. »