«Mon objectif ? Faire remonter le niveau d’assurance et gérer la diversité »
LM : Quel bilan tirez-vous de 2003 pour le secteur de la viande bovine ?
D. S. : C’est le retour à l’équilibre et à la confiance, avec cependant le souci de la baisse de consommation en fin d’année. J’aimerais bien savoir où en est le budget alimentaire. J’ai le sentiment qu’il n’évolue pas dans notre intérêt.
LM : Que vous inspire l’apparition de l’ESB aux Etats-Unis ?
D. S. : Elle rappelle une règle : il faut un peu d’humilité. On ne voyait pas trop comment, en interdisant tardivement les farines animales pour les bovins, les Etats-Unis n’auraient pas, eux aussi, de cas d’ESB. On a toujours estimé qu’ils cherchaient peu. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir été arrogants. La France, puis l’Allemagne, puis le Japon ont appris la leçon. C’est leur tour. Par solidarité, on ne se réjouit vraiment pas de ce qui arrive. On doit être attentif à la révolution sanitaire, et surtout culturelle, qui devrait s’opérer en Amérique du Nord. Le Canada et les Etats-Unis vont être contraints d’accélérer l’identification des bovins. C’est un sujet chaud pour le Congrès mondial de la viande qui a justement lieu à Winnipeg cette année.
LM : La France doit prochainement faire connaître sa position sur la nouvelle Pac. Quelles solutions préconisez-vous pour le secteur de la viande bovine ?
D. S. : L’interprofession n’a jamais pris position et laisse les fédérations se prononcer sur le sujet. L’opinion est favorable à un couplage maximal des aides, que défend la FNB. Avec 100 % de PMTVA et 40 % de PAB, l’enveloppe viande bovine serait couplée à 50 %, contre 18 à 20 % avec les autres options. Certains disent que c’est insuffisant pour l’engraissement. Pourtant la France ferait partie des pays ayant le plus fort couplage. Il faut être attentif aux distorsions de concurrence dans l’UE. Le seul problème viendrait de l’Italie, si elle opte pour 100 % de la PAB. Au ministère, Gaymard a sûrement fait son choix. Reste à régler la question de la date d’application. On n’a pas de raison de se presser, sauf pour les jeunes investisseurs, qui n’ont pas intérêt à ce que les choses restent figées sur des références historiques de 2000-2001-2002.
LM : Quel bilan tirez-vous de votre mandat à la tête d’Interbev ?
D. S.: Les actions de communication fonctionnent, avec un budget à la hauteur des besoins. Trois autres dossiers avancent bien. Concernant la PCM (Pesée-Classement-Marquage) des gros bovins, les résultats des tests Inra en abattoir seront connus fin janvier. Le tiers de classe sera bientôt défini par l’Ofival et une réflexion suivra sur son application dans les transactions commerciales. Normabev est chargée d’organiser la remontée des informations d’abattage, un énorme chantier. Autre dossier, celui de la gestion du statut des opérateurs. L’idée est de faire remonter le niveau d’assurance en général et de gérer la diversité. Pour cela on dispose de la Charte de bonnes pratiques d’élevage, qui rassemble environ 80 000 éleveurs, un très bon score. La communication sur les races à viande y sera associée. Cette dernière se concrétisera en juin, par une signature collective dans les linéaires, davantage repérable que la CCP ou la CQC. Si Interbev met en place un système d’information efficace, on sera les champions de la segmentation du marché.
LM : Le travail sur le bien-être des animaux a-t-il porté ses fruits ?
D. S. : La présidence irlandaise ne parviendra pas à clore le dossier. Il faudra tout reprendre à zéro avec un nouveau Parlement, une nouvelle Commission, dix pays en plus. On avait réussi à faire entendre nos revendications. On peut y arriver de nouveau.