Michel Ducros à la tête du traiteur Fauchon
Léger émoi place de la Madeleine. Laurent Adamowicz, patron du groupe Fauchon, qui y tient pignon sur rue depuis 1886, a en effet décidé de quitter le navire en cédant les 51 % qu’il possédait depuis 1998 à un groupe d’investisseurs réunis autour de l’homme d’affaires Michel Ducros. Ce départ est la conséquence d’un désaccord stratégique avec les actionnaires (Matignon Investissement et Gestion, Michel Ducros, Barclays Private Equity, les anciens dirigeants de Docks de France, Jean-François Toulouse et Michel Deroy, Intermediate Capital Group) qui avaient rejoint cet ancien conseiller de Bernard Tapie au moment de la reprise à Martine Prémat de la célèbre maison d’épicerie fine et qui contrôlent aujourd’hui 75 % du groupe. « Laurent Adamowicz confondait le frein et l’accélérateur,explique Gonzague de Blignières, président du directoire de Barclays Private Equity. Alors qu’aux Etats-Unis, où nous avons ouvert trois magasins en trois ans à New York, notre situation est extrêmement difficile, il voulait y poursuivre le développement». De quoi énerver les partenaires financiers qui voyaient d’un mauvais œil l’important endettement du groupe. Car malgré un léger bénéfice d’exploitation (5 M Eur en 2002 pour un chiffre d’affaire de 90 M Eur), Fauchon se retrouve déficitaire du fait des charges d’intérêt.
« Retrouver la pêche »
Les actionnaires éprouvent sans aucun doute aussi le souhait de faire une pause après l’absorption de 12 boutiques Flo Prestige en 1992 pour 39 M Eur permettant à Fauchon de devenir le n° 1 français de l’épicerie fine et du service traiteur haut de gamme. Une opération ensuite suivie de 12 mois de travaux moyennant un investissement de 4 millions d’euros afin notamment de réaménager les boutiques. Dans le même temps, la place de la Madeleine n’a pas été délaissée puisque 10 millions d’euros y ont été investis sur trois ans. « Aujourd’hui, nous voulons retrouver la pêche, briser l’incertitude sur l’avenir pour rassurer nos salariés et nous recentrer sur l’épicerie de luxe et l’accueil du client qui ont été quelque peu délaissés ces derniers temps », annonce M. de Blignières. Ce dernier avoue ne pas savoir pour l’instant de quoi sera fait l’avenir du groupe outre-Atlantique. « Il est possible que notre présence aux Etats-Unis ne soit plus directe » suggère-t-il toutefois.
Afin de renforcer les fonds propres et diminuer l’endettement de Fauchon, les actionnaires ont d’ores et déjà décidé de mettre la main à leur portefeuille en optant pour une augmentation de capital devant faciliter le redressement.
Une tâche revenant donc à M. Ducros, fils du fondateur du célèbre groupe d’épices désormais propriété de l’Américain Mc Cormick. Âgé de cinquante-cinq ans, il a successivement été directeur commercial puis directeur de la division grand public de Ducros de 1971 à 1985 avant d’en prendre la présidence de 1986 à 1992.
Depuis, il était passé des épices au capital-risque en prenant la tête du groupe d’investissement Levira Holding. Il tient désormais les rênes d’une société employant 900 personnes et pesant au global 160 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à son réseau de franchisés regroupant 650 points de vente dans 18 pays dont le Japon, les Etats-Unis, la Corée, et bientôt le Koweit et la Russie. Des pays où les habitants peuvent donc goûter au luxe à la française en achetant certains des 4 500 produits distribués par Fauchon, dont 119 parfums de confiture, 86 variétés de thé, 44 saveurs de moutarde, 56 arômes de vinaigre, 45 sortes de chocolat et 35 origines de miel.