Marché de gros de Lyon : une privatisation réussie

Les Marchés Hebdo : Sept ans après votre implantation sur Corbas, quel bilan tirez-vous de la mutation du marché d'intérêt national en marché de gros privé ?
Christian Berthe : L'opération est un succès sur tous les fronts. D'un point de vue économique, notre activité a été renforcée. Nous commercialisons 300 000 t de fruits et légumes par an au travers de 24 grossistes et 61 producteurs, alors que sur l'ancien Min de Perrache, les volumes commercialisés étaient de 260 000 t par an. Notre activité représente un chiffre d'affaires cumulé de 300 millions d'euros. Nous avons gagné en qualité et en impact sur l'environnement. Grâce à la conception de notre marché de gros sur deux bâtiments pour les grossistes et un carreau des producteurs, nous avons également gagné en efficacité. Les opérations de chargement et déchargement respectent la marche en avant des produits, il est facile d'accès pour les camions et n'interfère pas dans la circulation du centre-ville de Lyon. Les conditions de travail ont aussi été améliorées puisque nos cases et nos quais sont clairs, bien isolés et plus accueillants. Les produits sont conservés dans des conditions optimales. Si nous n'avions pas réalisé cette opération de déménagement et ce déclassement, nous n'aurions pas pu conti-nuer à nous développer comme nous le faisons aujourd'hui.
L'unique marché de gros privé en France a ouvert ses portes le 5 janvier 2009 à 24 grossistes, principalement en fruits et légumes frais, et 61 producteurs. 300 000 tonnes de produits y sont commercialisées par an pour un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros cumulé. Le marché comptabilise 1 200 entrées par jour en moyenne. Au total, ce sont 2442 t de déchets qui sont traitées et valorisées par an.
LMH : Selon vous, qu'est-ce qui fait le succès de ce modèle privé ?
C. B. : Le modèle de gestion du marché privé par les copropriétaires eux-mêmes fait toute la différence. Chacun est impliqué directement dans la gestion des coûts, la propreté, la sécurité et l'image que véhicule le marché auprès de la clientèle. Les prises de décisions sont plus rapides et nous pouvons mutualiser certains coûts au travers de l'ASL (Association syndicale libre). Cette structure juridique qui regroupe les différentes copropriétés du marché – une par bâtiment – passe les marchés d'assurance, de gestion des déchets, d'entretien des espaces verts, de gardiennage… L'implication de chaque acteur dans le marché nous permet aussi d'améliorer nos services et de mieux piloter nos activités respectives. Nous avons par exemple mis en commun un système de suivi des encours clients et des formations. Cette gestion collaborative nous a permis d'être beaucoup plus performants en termes d'environnement. Alors que le Min de Lyon Perrache générait 5890 t/an de déchets, notre marché n'en produit que 2442 t/an avec 85 % de déchets recyclés.
LMH : Que regrettez-vous dans ce transfert ? C. B. : Si c'était à refaire, je ferais en sorte que la collectivité soit plus représentée au sein de notre structure. Le marché de gros, même s'il est devenu privé, remplit toujours une mission de service public. Nous alimentons plus de 2 000 clients sur 49 départements, dont des détaillants, des restaurateurs, des associations… Nous contribuons aussi à la valorisation de la production locale avec un carreau de 61 producteurs.
LMH : Quels sont vos projets pour les années à venir ?
C. B. : Nous souhaitons apporter plus de services à nos clients et mieux fédérer les détaillants. Nous avons par exemple acquis une parcelle de terrain de 4 500 m2 et nous projetons d'y créer des frigos de stockage réfrigéré pour nos clients. Nous voulons aussi poursuivre notre ouverture sur l'extérieur. Nous participons aux Journées européennes du patrimoine, à la Semaine du goût, organisons des visites du site… Nous avons également créé un espace avec salle de réunion et cuisine de démonstration pour les évènements d'entreprises ou manifestations privées.