L'origine des viandes en tant qu'ingrédient encouragée
> Les éleveurs français réclament l'adoption d'un étiquetage des viandes transformées.
Ce qu'il s'est passé le 11 février dernier au Parlement européen est-il une victoire pour les partisans de l'étiquetage de l'origine des viandes en tant qu'ingrédient ? Pas tout à fait. Les députés se sont bien déclarés en faveur de l'indication d'origine des viandes. Pour être plus précis, ils ont adopté une résolution (460 voix pour, 204 voix contre et 33 abstentions), invitant la Commission européenne à faire suite à son rapport de 2013 et à présenter de nouvelles propositions législatives qui rendraient obligatoire l'indication du pays d'origine de la viande utilisée dans des aliments transformés.
“Il nous appartient de restaurer la confiance du consommateur
” Cette résolution est qualifiée de non contraignante. Ce qui veut dire que si elle suggère une volonté politique d'agir dans le domaine de l'étiquetage, elle est sans obligation juridique pour la Commission européenne. « Après le scandale de la viande de cheval, il nous appartient de restaurer la confiance du consommateur. Nous demandons à la Commission de déposer une proposition législative pour un étiquetage obligatoire du pays d'origine, afin d'améliorer la transparence et d'apporter une information complète aux consommateurs », a déclaré le président de la Commission de l'environnement Giovanni La Via (PPE, IT). Et ce, tout en veillant « à ce que cela n'entraîne pas de charges supplémentaires pour les petites et moyennes entreprises, qui sont nombreuses dans le secteur », a-t-il ajouté.
C'est là où le bât blesse. Si la Commission a précédemment refusé de légiférer sur la question, c'est avant tout pour une raison de surcoût lié à cette mesure. Les députés réclament donc une réévaluation de cet impact sur les prix, se basant sur des estimations menées par l'association Que Choisir qui « divergent fortement des résultats du rapport de la Commission », soulignent les députés dans un communiqué. Une mesure nécessaire puisque selon les députés, « 30 à 50 % du volume total de viande abattue est transformé en ingrédients carnés pour denrées alimentaires, essentiellement en viande hachée, préparations carnées et autres produits carnés ». Et les parlementaires précisent dans cette résolution que l'indication de type UE/non UE n'est pas « pour les consommateurs une solution acceptable ».
Résistances nombreusesLa France qui défend cette mesure au niveau européen a salué l'adoption de cette résolution par la voix du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. La FNSEA précise que « la partie n'est pas gagnée, car les résistances sont nombreuses », demandant à la Commission européenne de « transformer l'essai ». De son côté, le Sniv-SNCP indique qu'« après l'affaire du horsegate, il est impensable que l'Europe ne puisse pas imposer l'obligation d'étiquetage de l'origine sur la viande ingrédient. C'est une question de transparence et de sécurisation de nos filières européennes ».
Au 1er avril, comme le veut le règlement d'information du consommateur numéro 1169/2011, aussi appelé Inco, l'étiquetage des viandes fraîches, réfrigérées et congelées d'ovins, caprins, porcs et volailles devra indiquer le pays d'origine ou le lieu de provenance. Le règlement d'exécution 1337/2013 paru en décembre 2013 précise les différentes définitions autour du « pays d'élevage » et lieu d'abattage. La mention facultative de type « Origine : nom du pays » pourra être utilisée, à la seule condition que les animaux soient nés, élevés et abattus dans le même pays. À la différence de la viande bovine, le lieu de naissance des animaux ne sera pas précisé sur l'étiquette.