[Edito] Loi Egalim : l’aveu d’échec ?

Voulue par Emmanuel Macron, la loi Egalim votée le 2 octobre 2018 devait rééquilibrer les relations commerciales dans le secteur agricole. Deux ans plus tard, le président de la République a émis, le 23 février d’une ferme en Côte-d’Or, l’idée de relancer le chantier législatif. Le travail pour « tordre les mauvais comportements » doit continuer, a-t-il lancé. Julien Denormandie a complété le 26 février en précisant qu’il réunirait fin mars les différents acteurs de l’agroalimentaire pour discuter des propositions de Serge Papin. L’ex-patron de Système U missionné par le président de la République propose, entre autres, plus de transparence entre producteurs, industriels et distributeurs, et des contrats pluriannuels. Et ce, alors que les agriculteurs manifestent ces derniers jours contre le comportement de certains acteurs économiques pendant les négociations commerciales. La théorie du ruissellement ne fonctionne pas et la logique de construction du prix en avant promue par la loi Egalim ne s’applique pas sur le terrain. Deux points qui se situaient pourtant au cœur du texte. Alors le gouvernement souhaite remettre les acteurs autour de la table, dès la fin des négociations 2021, pour tenter de sortir du « jeu de dupes » et du rapport de force toujours déséquilibré entre les acteurs. Et « s’il n’y a pas d’accord, on passera par la loi », prévient le ministre de l’Agriculture. À un peu plus d’un an des élections présidentielles, Emmanuel Macron tente de sauver sa loi en la durcissant. Pas question de faire un aveu d’échec d’Egalim, à la différence de nombre d’opérateurs qui l’expriment de plus en plus. Le problème ne serait pas la loi, mais sa mauvaise application. Le gouvernement a beau multiplier les contrôles, difficile de mettre un gendarme de la concurrence derrière chaque acheteur. Mais alors en quoi renforcer encore la loi rééquilibrerait-il les négociations ? Emmanuel Macron a dit une phrase très juste le 23 février lors d’une table ronde : « Partout où les producteurs restent divisés, ils se font avoir. » L’organisation est la clé pour les producteurs et, pour les transformateurs, la question de la primauté du tarif doit être de nouveau posée.