L’industrie laitière doit faire sa mue
Le secteur industriel laitier n’échappera pas à aux restructurations industrielles. Le rapport remis à Hervé Gaymard sur la filière laitière française (LM du 11/02/04) en fait une nécessité. « Face aux grands groupes laitiers des Pays-Bas, du Danemark (Arla, Frisland, Campina), il y a urgence pour plusieurs entreprises françaises à rechercher un seuil critique industriel, commercial, capitalistique en rapport avec la concurrence et les marchés », prévient-il.
Le temps presse car selon le rapport de nombreux groupes se sont abrités pendant des années derrière le maintien des prix d’intervention puis le plafonnement de la production en 1984. « De plus, l’accord sur le prix du lait de 1997 a paradoxalement renvoyé à une date ultérieure la nécessaire restructuration industrielle », ajoute le rapport pour qui « le temps passe vite et les premiers restructurés resteront dans la compétition».
S’ils veulent réduire leurs coûts, les industriels sont encouragés à poursuivre la spécialisation déjà entamée depuis quelques années. Par ailleurs, le rapport rappelle l’indispensable puissance industrielle pour rivaliser face aux concurrents européens : « la garantie de disposer de matière première à l’horizon 2015 peut être une incitation au rapatriement des activités de certaines usines vers de nouveaux sites compétitifs ».
Ces regroupements devraient concerner particulièrement les usines de produits industriels, peu rémunérateurs. « Ils impliqueront des créations et des fermetures d’unités (tours de séchage, beurreries, caséineries…), mais permettront ainsi de disposer d’unités modernes, fiables sur le plan technique et économique et rendront les entreprises plus aptes à résister à la concurrence», estime le rapport. Pour ce dernier, la course à la taille critique n’empêche pas pour autant le maintien d’entreprises implantées localement à condition qu’elles se positionnent « sur des segments qui les distinguent des concurrents de manière durable et rentable».
Les industriels sont également invités à poursuivre les économies d’échelle notamment via la concentration des zones de collecte afin de réduire les coûts de ramassage du lait. Les alliances entre sociétés font aussi partie des solutions envisagées pour qu’elles soient compétitives.
« Dans le cas présent, face à des entreprises trop fragilisées en raison de l’importance de leur chiffre d’affaire en produits industriels, peuvent être engagées des cessions marchandes de lait vers des industriels susceptibles de davantage valoriser celui-ci», suggère le rapport.
La reconversion vers les produits de grande consommation peut aussi être une opportunité pour certains. « Face à la forte concurrence sur les produits « classiques » dits en phase de maturité, voire de déclin (lait de consommation UHT demi-écrémé, beurre plaquette…), nombre d’opérateurs n’auront d’autres choix que de se diversifier sur des marchés plus porteurs […] », juge le rapport qui voit des opportunités de croissance dans les laits complémentaires, les desserts glacés ou encore les poudres chocolatées.
Les industriels sont par ailleurs incités à nouer des partenariats commerciaux et marketing, investir dans leurs marques et développer l’innovation.