L’exercice d’équilibriste de Jean-Michel Lemétayer
A l’assemblée de la Fédération bovine, le 5 février, Pierre Chevalier avait demandé au président de la FNSEA « de siffler la fin de la partie » pour mettre un terme au conflit entre céréaliers et éleveurs en matière de répartition des aides. Devant la presse, le 12 février, Jean-Michel Lemétayer a préféré prendre de la hauteur. «Je ne m’intéresse pas à la calculette. Les modalités qui seront retenus doivent répondre à une logique politique» a-t-il insisté. Surtout dans la perspective de l’après 2013. «Tout ce qui sera fait doit nous permettre de légitimer nos demandes pour demain», a-t-il précisé.
Bref, le président de la FNSEA n’a pas fixé les curseurs mais donné quelques orientations sur lesquelles les pouvoirs publics devraient s’appuyer. Sarkozy pourrait annoncer les arbitrages avant ou pendant le Salon de l’Agriculture. D’abord «la politique agricole doit garder une dimension économique», a-t-il insisté. C'est-à-dire un premier pilier fort. Tout en sauvegardant la contribution sur le deuxième pilier pour financer les indemnités compensatrices de handicaps, les mesures agroenvironnementales et l’agriculture bio. L’enjeu porte sur 300 M€ que le gouvernement souhaiterait récupérer. Jean-Michel Lemétayer devrait plaider le dossier chez François Fillon dans quelques jours.
Politique de l’herbe
Deuxième priorité : la reconnaissance de la politique de l’herbe, mais sans remettre en cause les autres systèmes fourragers, ainsi que le maintien du couplage de la prime à la vache allaitante pour « garder un lien important entre la production et le territoire ». « Le découplage total n’est pas une nécessité » a indiqué M.Lemétayer. Le président de la FNSEA évoque le terme de rapprochement des soutiens et non plus celui de convergence des aides, qui donnait du poil à gratter à la FNB. De quoi faire plaisir aux éleveurs.
Mais pas question pour autant de s’aliéner les céréaliers. « Toutes les aides doivent être mises sur la table », y compris celles dont bénéficient les éleveurs. «Le bilan de santé ne peut se résumer à des prélèvements sur les seules grandes cultures qui seraient les seuls financeurs». Bien entendu, si rapprochement il y a, il doit se faire progressivement, conclut-il.