Les viandes bovines et porcines face à la déconsommation
Les Français consomment moins de viande brute bovine et porcine : un thème au cœur de l'assemblée générale de Culture Viande le 9 octobre.
Devant la presse, le 4 octobre, Culture Viande a dressé un bilan des conjonctures pour les viandes bovine et porcine, où les deux filières souffrent, à un degré différent, de la déconsommation française de produits carnés. En ce qui concerne la filière bovine, la consommation de viande brute a diminué de 25 % depuis dix ans, mais en contrepartie, celle de la viande hachée fraîche a augmenté de 24 % sur la même période. « Il y a une mutation de la consommation », commente Mathieu Pecqueur, directeur général de Culture Viande. Les steaks hachés ont connu une montée en gamme et possèdent une segmentation bien plus développée qu’il y a une décennie.
La valorisation est la clé de voûte pour toute la filière bovine
« L’émergence des burgers prémiums a redoré l’image de la viande hachée », ajoute Mathieu Pecqueur. Problème : le renchérissement de la viande hachée n’a pas suivi au vu de sa plus haute qualité, provoquant une augmentation des prix des viandes brutes, incitant à la déconsommation… « Le prix de l’entrecôte à la sortie de l’usine a augmenté de 26 %. C’est un cercle vicieux. La valorisation de la viande hachée est la clé de voûte pour toute la filière bovine », affirme Mathieu Pecqueur. En ce qui concerne la viande porcine, le constat est bien plus alarmant.
2018, année de crise pour le porc
« On a tous les indicateurs pour dire que 2018 est une année de crise », déclare Paul Rouche, directeur délégué de Culture Viande. Avec une offre supérieure, par rapport à 2017, de l’Europe (+2 %) et de la France (+ 3 %), le prix au kilogramme est à 1,20 euro, soit -18 % par rapport à l’an passé, « et ça va encore descendre », prévoit Paul Rouche. En parallèle, la consommation de viande de porc est en chute libre, et a déjà diminué de 5 % depuis le début de l’année 2018. Les exportations sont également en baisse à cause, entre autres, d’un marché chinois qui s’amenuise, sans parler de l’épée de Damoclès que représente la peste porcine africaine en cette fin d’année.
Seule bonne nouvelle pour la filière : l’adoption par la Commission européenne du principe « à travail égal salaire égal », pour répondre au dumping social de la main-d’œuvre des abattoirs dont profitait l’Allemagne. « Nous sommes satisfaits, même si cette directive ne répond pas à toutes les distorsions de concurrence », déclare Mathieu Pecqueur.