Les sucriers veulent une prolongation du règlement
Tant que le cycle de Doha n’est pas bouclé, la préférence communautaire peut être maintenue en matière de sucre. Tel est l’argument des betteraviers pour maintenir les quotas et prix garantis.
Un nouveau règlement sucre est prévu à compter de 2015, dix ans après une réforme qui a vu un abandon de 10 % du quota en France (mais de 50 % en Espagne et jusqu’à 70 % en Italie). Le secteur français a perdu des sucreries, mais il a gagné en compétitivité. La France est le premier producteur européen de betterave sucrière et de sucre, devant l’Allemagne. Mais elle est de loin le premier pourvoyeur de sucre dans l’Union européenne. Pour autant, le secteur doit se conforter et encore gagner en compétitivité, a estimé Alain Jeanroy, directeur général de la CGB (Confédération française des planteurs de betterave), à quelques jours de l’assemblée générale du 7 décembre. La CGB compte sur la préférence communautaire, au moins jusqu’en 2020, fin de la période d’application du cycle de Doha. La filière française veut privilégier le marché intérieur européen en attendant d’être rentable sur le marché mondial. La CGB défend l’idée que les conditions de prolongation de l’actuel règlement sont réunies.
Un prix raisonnable pour le consommateur
La conjoncture sucrière mondiale est la première de ces conditions. Des prix mondiaux épisodiquement supérieurs aux prix de l’Union, en 2009 et 2010, ont protégé le marché européen alors qu’il s’est totalement ouvert aux importations des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et des moins avancés (PMA). Les prix mondiaux peuvent difficilement descendre sous le prix de revient du Brésil, qui compte pour 50 % dans l’approvisionnement mondial en sucre. Or, celui-ci a quasiment doublé en dix ans. Avec un prix mondial supérieur à 300 euros la tonne et un prix européen inférieur à 450 euros, spécule la CGB, il y a un moindre risque de déséquilibre entre la demande domestique et l’offre (production sous quotas additionnée des importations). C’est le motif avancé par le syndicat agricole pour conserver le régime de quotas et le prix garanti de la betterave. « On ne peut se priver d’un règlement qui ne coûte rien, qui maintient un prix raisonnable pour le consommateur et qui autorise les gains de compétitivité », argumente le président Éric Lainé.