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Les signes officiels de qualité et d'origine adoptent l'agroécologie

Agroécologie est le maître-mot du ministère de l'Agriculture depuis trois ans. Les professionnels des signes officiels de qualité et d'origine le réclamaient aussi. Décryptage des solutions à l'ordre du jour avec quelques opérateurs, en respectant à la fois la définition de l'agroécologie et le contenu des cahiers des charges.

Cop21, réchauffement climatique, respect de l'environnement sont devenus les préoccupations d'un certain monde agricole et des consommateurs. Les signes officiels de qualité et d'origine (Siqo) qui représentent le fleuron de l'alimentation ne pouvaient en être absents. Or, pour les appelations d'origine contrôlée (AOC) et les indications géographiques protégées (IGP), une des particularités est d'apporter la caution des pouvoirs publics par le biais de cahiers des charges homologués tant par la France que par Bruxelles. Jusque-là, AOP et IGP n'avaient pas le droit d'inclure des critères environnementaux dans leurs cahiers des charges. Après éclaircissements, il se révèle que l'ensemble des Siqo peuvent avoir accès à ces critères, sous réserve qu'ils soient contrôlés. Labels Rouge, AOP et IGP, qui représentent le fleuron de la gastronomie, vont pouvoir en bénéficier.

Une annonce publique en début d'année

Lors de la présentation des vœux de l'Inao début janvier : président, directeur et ministre étaient sur la même longueur d'onde : « Je vous confirme mon intérêt à la réflexion que vous conduisez avec le ministère sur les moyens d'inciter les agriculteurs produisant sous Siqo à intégrer davantage les principes de l'agroécologie », a déclaré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

Il répondait en cela aux demandes des professionnels du secteur, président et directeur de l'Inao en tête, lors du colloque des quatre-vingts ans de l'Inao en avril dernier à Avignon sur le thème « Siqo, un atout pour l'agriculture de demain ». Ce que ne savaient pas les professionnels, c'est que Stéphane Le Foll demanderait de faire vite, et que des premières propositions devraient voir le jour dès le prochain Salon de l'agriculture.

Un timing serré

L'Inao a mis en place une commission spécifique de l'environnement, réunissant les principaux interlocuteurs au cours du premier semestre 2014 : nomination des présidents et animateurs de la commission dont la première réunion de travail a eu lieu en janvier 2015. L'Inao est occupé à faire la synthèse des différentes propositions en fonction de chaque filière. « La commission environnement de l'institut travaille déjà depuis un an pour recenser les avis », précise Jean-Luc Dairien, directeur de l'Inao. « C'est elle qui présentera les différentes options recueillies. Elles seront différentes en fonction des secteurs d'activités internes à chaque comité. Les besoins des uns ne sont pas automatiquement les besoins des autres. Nous allons inscrire les différentes propositions dans une forme de catalogue afin de mesurer la possibilité de les insérer dans les cahiers des charges. Ces propositions devront recevoir l'avis des différents comités et du conseil permanent de l'institut. D'ores et déjà, les comités devront prévoir que les éléments d'agroécologie présents dans les cahiers des charges seront contrôlés. »

« Il n'est pas envisageable de prévoir un logo spécifique ou un identifiant particulier qui ne feraient que complexifier les informations pour le consommateur. Enfin, n'oublions pas que cette démarche est volontaire », rappelle Jean-Luc Dairien.

Une multitude de produits

Hors produits bios, les filières de l'Inao représentent 1 159 cahiers des charges pour un chiffre d'affaires total de près de 21 milliards d'euros. Pas simple, quand il faut avoir l'assentiment de tout le monde. Cette mesure concerne aussi bien les vins et spiritueux que les produits alimentaires. Mais les besoins ne sont pas les mêmes partout.

Il n'est pas envisageable de prévoir un logo spécifique

Alors que certaines filières se réjouissent de cette mesure, d'autres sont plus circonspectes. « Dans la filière oléicole, nos besoins en agroécologie sont peu importants du fait même de notre produit », précise Olivier Nasles, président de l'Association française interprofessionnelle de l'olive (Afidol) et président du comité agrément et contrôle de l'Inao. « Nous sommes sur du “ pur jus ” et n'utilisons pas d'intrants. Que pouvons-nous ajouter ? Cela étant, je pense que pour certaines filières le projet est intéressant, mais que sa mise en œuvre sera délicate. D'autre part, j'attire l'attention sur le fait que les mesures agroécologiques, si elles sont présentes dans les cahiers des charges, devront être contrôlées. Un des principaux problèmes qui subsistera pour nous, et que nous ne pourrons pas traiter avec l'agroécologie, est celui d'une nouvelle infestation de mouches ? L'hiver que nous traversons nous laisse augurer une suite inquiétante et nous ne pouvons rien faire. »

Les viandes, impatientes

Autre grand secteur à prendre position, celui de la production animale. « Ce sont des mesures que nous réclamions depuis longtemps », souligne Henri Baladier, président de FedeLIS (Fédération label Rouge, IG et STG-spécialité traditionnelle garantie) et de Fil Rouge (Fédération des viandes label Rouge et IGP). « Nous sommes très attachés aux races à viande, aux souches de volailles et à leur élevage spécifique, et tous nos labels ou IGP sont basés sur ce principe. Nous sommes en conformité avec les procédures environnementales de façon volontaire et malgré tout, on ne nous reconnaissait pas le droit de le mettre dans nos cahiers des charges. Les seuls pour lesquels cette démarche était autorisée étaient les agriculteurs installés en agriculture biologique. Nous avons une réelle envie de montrer aux consommateurs la façon dont nous produisons que ce soit en viande et en volaille en respectant les normes de l'agroécologie. Pour nous, ce changement de cap est très positif », déclare-t-il. Même avis du côté du Sylaporc (Syndicat des porcs label Rouge et IGP) : « Ce qui reste à résoudre pour nous, ce sont les problématiques d'alimentation des porcs », constate Jean-François Renaud, président du syndicat. « Concernant les charcuteries transformées, c'est une question d'étiquetage : comment faire connaître notre démarche aux consommateurs ? », conclut-il.

QUELLE FRONTIÈRE AVEC LE BIO ?

Face à cette volonté d'introduire un pourcentage d'agroécologie dans les cahiers des charges, où se situera la frontière avec l'agriculture biologique ? Claude Monnier est président du comité national de l'agriculture biologique à l'Inao. À son avis, il n'y a pas de crainte de confusion : « L'agriculture biologique a fait ses preuves au sein d'une agriculture spécifique respectueuse de l'environnement et des consommateurs. Elle est bien intégrée depuis longtemps et le prouve par son essor. Que les autres signes de qualité et d'origine s'en inspirent et souhaitent apporter des améliorations volontaires à ce niveau ne nous dérange pas. Ce sera à la commission transversale de l'environnement mise en place depuis un an par l'Inao de fixer les limites et de faire des propositions ». Claude Monnier ajoute : « les différentes instances de l'agriculture biologique seront consultées, et pour l'instant, je n'ai pas été saisi de problèmes particuliers. Concernant, les signes d'origine (AOP, IGP, ndlr), gérés également par Bruxelles, les services du ministère et la commission de l'environnement de l'institut devront prendre en compte la réglementation européenne et s'y conformer. »

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