Les farines animales pourraient revenir
La réintroduction des protéines animales transformées vient de faire un pas en avant : le Conseil national de l’alimentation (CNA) l’envisage, en démarrant par l’aquaculture.
60 membres, 7 réunions, 12 experts auditionnés : le groupe de travail du CNA mis en place en octobre 2010 sur l’éventuel retour des protéines animales transformées (PAT) en alimentation animale n’a pas chômé. Le sujet est d’ailleurs l’un de ceux qui, depuis le début du CNA, ont le plus mobilisé ses membres. Son avis, qui servira d’appui à la position française, doit être remis en septembre. En attendant, la présidente du groupe de travail, Cécile Moiroud (école de droit de la Sorbonne), a livré un point d’étape en séance plénière, le 31 mai à Strasbourg. Elle rappelle que l’interdiction est une « mesure de police sanitaire. Si l’atteinte ou la menace d’atteinte à l’ordre public disparaissent, la mesure de police a vocation à être aménagée voire à être levée en tenant compte de l’évolution des conditions qui avaient présidé à son adoption ». L’avis du CNA devrait fixer des recommandations pratiques en préconisant de démarrer par l’aquaculture qui « satisfait le mieux aux diverses exigences identifiées », notamment la séparation des filières. Une fois retrouvée la liberté réglementaire, libre ensuite aux acteurs économiques d’en user ou non.
Serge Papin, PDG de Système U : « Ça me fait peur »
L’expérience des graisses animales est à cet égard significative : réautorisées progressivement (notamment pour celles de volailles, dès 2003), elles ne sont quasiment pas utilisées en France alors que nos voisins, en particulier espagnols, en sont friands. Pourtant, à l’assemblée générale du Sifco (Syndicat des industries françaises des coproduits animaux) le 24 mai, Bernard Chevalier (association des consommateurs Orgeco) s’expliquait : « Si elles sont autorisées, et que nous en mangeons sans le savoir dans les viandes importées, pourquoi ne pas nous le dire ? » Alors qu’à l’AG du Snia (Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale), trois jours plus tard, Serge Papin (PDG de Système U) s’exclamait : « Les graisses animales ? je ne sais pas, ça me fait peur ».
Pas étonnant donc que le groupe de travail du CNA sur les PAT préconise une communication renforcée en direction des consommateurs… À élargir aux autres acteurs de la filière ?