Le manque d’eau relance les cours
Après un recul la semaine dernière, le marché repart à la hausse sur des considérations climatiques. La sécheresse en Europe commence à inquiéter les producteurs de colza alors qu’au Canada, c’est au contraire l’excès d’humidité qui perturbe les semis de canola.
La graine de soja a été chahutée sur le marché de Chicago la semaine dernière. Le bilan serré des États-Unis et les perspectives d’ensemencements pour la récolte 2011 n’intéressaient guère les opérateurs. Le marché a réagi aux données sur le court terme. Les disponibilités en graines de soja en Amérique du Sud sont suffisantes pour répondre à la demande pour les mois à venir : les acteurs sont ainsi rassurés sur l’offre. La pression retombe et les regards se tournent vers la demande. Les informations en provenance de la Chine inquiètent. Les stocks de graines sont élevés dans les entreprises, les tourteaux se vendent mal, le prix de l’huile au consommateur est peu flexible. Résultat : les marges des triturateurs chinois seraient à leur plus bas niveau depuis le début de la campagne. Selon des sources officielles de la société d’État Cofco, les importations chinoises, pour la période d’avril à septembre, pourraient être inférieures aux réalisations de l’an dernier. Le rythme effréné des importations, évalué à + 20 % sur la période octobre-mars, devrait ralentir fortement pour les derniers mois de la campagne.
Doutes sur les contrats chinois de soja
Selon cette même source, les importations de la Chine sont attendues entre 53 et 54 millions de tonnes (Mt), soit 1,5 Mt de moins que prévu. Rappelons que l’USDA n’a pas changé ses prévisions concernant la Chine dans son rapport du 8 avril, celles-ci restant à 57 Mt, soit + 13 %. Certes, des informations d’annulation de contrats d’achat chinois filtrent dans le marché ces derniers temps, des reventes de 3 Mt de fèves issues des stocks publics sont annoncées, mais le jeu des acheteurs chinois a souvent été d’utiliser ces méthodes pour réaliser des achats à bon compte.
Colza : craintes sur la productivité
Comme FranceAgriMer, Agreste dans sa dernière note sur les grandes cultures fait état d’une hausse plus importante que prévu des surfaces destinées à la culture du colza en France, plutôt 4 % que 3 %. Toutefois, ces hectares en plus apporteront un supplément de production d’environ 60 000 t, ce qui ne change guère la donne dans un contexte de bilan serré. Le facteur important de variation de la production devient le rendement. Et les inquiétudes actuelles sur le manque d’eau font craindre des conséquences sur la productivité. Rien n’est joué, mais les vendeurs se montrent prudents. Quant aux industriels, ils s’interrogent sur une potentielle baisse des cours des huiles végétales… Coincés entre un risque de baisse de l’huile et un risque de hausse de la graine en Europe, ils cherchent à fixer des marges qui, pour le moment, restent correctes sur la nouvelle récolte. Pour sécuriser leurs approvisionnements, ils sont conduits à augmenter leur prix d’achat. Ainsi, les primes négociées sur les contrats pour des livraisons octobre-décembre sont au plus haut. Ce qui contribue à réduire encore l’écart de prix entre les deux campagnes.