Le Limousin adapte son offre variétale à l'export
> Cette année 90 000 t de pommes devraient être récoltées en Limousin.
En Limousin, la cueillette des pommes a débuté le 15 septembre. Les tests du mois d'août ont révélé de bons taux de sucre et une acidité normale. « 90 000 tonnes devraient être récoltées, ce qui est tout à fait correct. Les écarts de température dès le printemps ont donné une teinte rosée et la couleur de fond est un peu plus jaune. À cause de la sécheresse, les calibres sont hétérogènes, car le tiers de nos vergers ne sont pas irrigués. Mais cela permet d'élargir l'offre ! », relativise Agnès Donzeau, directrice de l'Association pomme du Limousin.
Les fruits seront conditionnés entre le 15 et le 20 octobre puis vendus pour 70 % en GMS. L'AOP regroupe quatre coopératives, dont Perlim qui fournit 60 000 tonnes. L'unique pomme AOP française conserve sa suprématie sur le marché intérieur : 7 % des pommes françaises sont produites en Limousin, de même qu'une golden sur cinq. Cela n'empêche pas les coopératives de lorgner l'international. 60 % des pommes de la région sont exportées, principalement en Espagne, au Portugal, au Benelux et au Royaume-Uni. « La Russie représentait 10 % des volumes exportés avant l'embargo. Heureusement, il s'agissait surtout de pommes déclassées, et nous en avons peu… Les coopératives ont démarché d'autres pays avec de nouvelles variétés plus adaptées aux habitudes alimentaires », analyse Agnès Donzeau.
Evelina sera proposée en ChineDepuis trois ans, Perlim engage cette stratégie de diversification avec des pommes de petits cali-bres. La coopérative a d'abord commercialisé la pomme opal (croisement entre golden et topaz) cultivée en bio et en conventionnel. 220 tonnes seront produites en 2015, dont une partie sera exportée en Angleterre. « Notre conditionnement en sachet de 800 grammes génère un effet de gamme avec nos sachets de noix biologiques. À terme, nous souhaitons que l'opal remplace nos galas bicolores », explique Béatrice Chauffaille, directrice de la communication. De même, Perlim commercialise depuis 2014 la variété evelina, surnommée la « golden rouge ». La coopérative détient l'exclusivité française grâce à un cobran-ding contractualisé avec le club du même nom. Pour l'instant, cette pomme bicolore rustique est testée au Moyen-Orient, puis sera proposée en Chine. 400 tonnes seront commercialisées en 2015 et l'objectif est d'atteindre 7 500 t dans les dix prochaines années.
Une golden difficile à exporterIl faut dire qu'à l'étranger, la golden française est extrêmement concurrencée : les producteurs italiens ont capté les marchés espagnols à la suite de la catastrophe de 2012 (80 % de la récolte limousine a été sinistrée par le gel). En 2015, la production européenne de golden devrait encore augmenter de 5 à 10 %. « On estime la production européenne à 2,7 millions de golden. L'Europe est saturée de pommes, et nous devons donc nous orienter vers le grand export. Pour cela, il faut produire des variétés où nous avons un avantage compétitif. C'est le cas avec les deux nouvelles variétés que nous développons, même si la golden représente toujours 85 % de nos vergers », rassure Béatrice Chauffaille.