Le débat se poursuit sur l’interprofession volaille de chair
Tous d’accord, les intervenants à la table ronde organisée lors de l’assemblée générale de la CFA sur le projet de l’interprofession volaille de chair ! Les représentants des différents maillons de la filière ont considéré avec une belle unanimité que chacun ne pouvait affronter seul les défis du marché et de l’évolution de la réglementation européenne. Alain Melot, président de la FIA (Fédération des Industries Avicoles) et de Jean-Noël Sidaner, vice-président de la CFA l’ont affirmé clairement. Ce dernier a insisté sur le fait qu’un producteur avicole ne pouvait se contenter de travailler à façon, et devait se sentir impliqué dans la gestion du marché.
Chaque famille met sa priorité en avant
Quant au rôle de cette interprofession, les priorités ne sont pas les mêmes pour les différentes familles. La promotion des produits doit être l’objectif premier selon Francis Ranc (FIA) et Marc Hervouet, président de grossistes (FENSCOPA). Pour Alain Melot, ça serait plutôt la traçabilité et l’information du consommateur. Michel Prugue, secrétaire général de la CFA, a affirmé que les producteurs sont prêts à financer les actions de l’interprofession si elle se révèle vraiment capable de susciter un rebondissement et « créer des richesses ». En filigrane du débat, transparaissait la gestion du marché. Une interprofession volaille de chair serait-elle habilitée à conclure des accords de réduction de production dans le poulet, comme le Cifog l’a fait pour le foie gras et le Cidef pour la dinde ? Alain Melot a montré les limites de cette gestion en considérant qu’une réduction excessive de l’offre française ouvrirait la porte aux importations massives.
Au cours d’un précédent débat entre les sections régionales de producteurs, des scepticismes s’étaient également exprimés.
Communiquer entre chaque maillon
Selon Marc Hervouet, il s’agirait surtout de motiver une bonne communication entre chaque maillon.
La construction de l’interprofession n’est pas une simple affaire. Le sachant, Alain Melot a suggéré d’établir une feuille de route de 9 mois décrivant des étapes au cours desquelles les participants de base confirmeraient ou non leur adhésion. La présidence tournante semblait faire consensus pour garantir l’équité des pouvoirs entre opérateurs coopératifs et privés. Selon Alain Perret, représentant des accouveurs, l’interprofession doit représenter les 4 familles traditionnelles : accouveurs, producteurs, fabricants d’aliments et industriels de la transformation. Il s’est dit ouvert à la participation de la distribution et des consommateurs, puisqu’elle conditionne la transparence.
Notre confrère François Landrieu, animateur du débat, a soulevé le problème des interprofessions déjà existantes, que sont le Cidef, le Cifog, le CIP (Pintade) et le CLIPP (lapin). Alain Melot a souligné qu’il fallait en tenir compte. Francis Ranc quant à lui, a considéré que son entreprise, Doux, payait déjà bien assez de cotisations pour ces diverses structures. Un budget supplémentaire nécessiterait selon lui une participation plus importante des producteurs. Les intervenants ont fait appel à la bonne volonté des pouvoirs publics pour venir en aide à un secteur ne bénéficiant pas de soutiens directs permanents.
Hervé Gaymard, a fait part à la fin de l’assemblée générale d’une « satisfaction partielle, à l’image des résultats obtenus par les responsables professionnels ». Voilà plus d’un an qu’il insiste auprès d’eux pour constituer une interprofession volaille de chair. « Les progrès accomplis n’ont pas permis de dépasser une structure sectorielle, comme celle de la dinde, une structure fédérative reste l’objectif », a-t-il insisté. Heureusement il n’a pas conditionné les programmes de soutien de la filière à l’aboutissement du projet.