Innovation
Le critère biologique des produits ne suffit plus
Avec la crise sanitaire, la transformation des habitudes de consommation s’accélère, marquée par un fort développement du snacking et une recherche accrue, au-delà du bio, de produits plus sains, plus responsables et plus engagés.
Avec la crise sanitaire, la transformation des habitudes de consommation s’accélère, marquée par un fort développement du snacking et une recherche accrue, au-delà du bio, de produits plus sains, plus responsables et plus engagés.
Les consommateurs sont particulièrement attentifs à l’impact sociétal des produits qu’ils achètent et la garantie d’une production biologique ne suffit plus aujourd’hui pour se différencier de la concurrence sur un marché en plein essor, tiré par la grande distribution (voire graphique page 12).
L’origine française, si ce n’est locale, des produits s’affiche désormais comme un critère de choix majeur pour les consommateurs. La marque Brient (groupe Agrial), qui a lancé il y a dix mois une gamme de charcuterie bio à base de porcs français – alors que l’offre du secteur était souvent issue de porcs européens –, constate le maintien de ses ventes en GMS et en magasins spécialisés depuis le déconfinement. « Les consommateurs ont répondu présents et les habitudes ont été prises depuis », expose Pierrick Jaouen, cadre commercial chez Brient.
Même constat observé chez le biscuitier De Kroes qui fabrique des produits pour les marques de distributeurs. « Le confinement a entraîné un bond de consommation de proximité et les filières courtes représentent notre gros axe de recherche », explique Didier Seguin, directeur de De Kroes Feuilletage.
Les gens ont récemment redécouvert le local
Avec un fort débat sur l’autonomie alimentaire du pays, « les gens ont récemment redécouvert le local », observe Annette Prieur, fondatrice de la marque de biscuits Croquelicot, alors qu’Auchan favorise les produits fabriqués en France et présentant un Nutri-Score A ou B dans sa politique commerciale. « Ce sont deux axes forts pour cette rentrée qui sont liés à l’effet Covid-19 », explique José Da Silva Neves, chef de groupe produits biologiques, diététiques et régionaux à Auchan
Un corner de produits fermiers et locaux à Auchan
En ce sens, le groupe travaille sur l’amélioration de son offre de produits MDD pour accroître sa part d’approvisionnement français. Une gamme de concentré de tomates et une autre de compote de pommes ont basculé cette année sur du 100 % français « sans augmentation de prix pour le consommateur », précise-t-il. Le distributeur expérimente aussi depuis août un premier corner de produits fermiers et locaux dans son magasin de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais). Les producteurs, réunis au sein de la plateforme A2 pas d’ici, vendent directement leur production avec une transparence totale sur le prix, le prix de revient étant clairement affiché. Ce concept devrait être progressivement étendu à d’autres points de vente.
Le local est également un credo sur lequel se positionne Monoprix (groupe Casino). Dans son nouveau magasin parisien, le distributeur met en avant un « îlot » de fruits et légumes, créé en partenariat avec le Carreau des producteurs de Rungis, qui valorise une production bio, de saison, locale et vendue en vrac.
Avoir une démarche RSE globale
La demande se fait aussi plus pressante sur la composition des produits (plus naturel, liste d’ingrédients plus courte), le bénéfice santé ou encore la réduction des emballages. Des caractéristiques que l’on retrouve chez les produits lauréats des trophées Natexpo (voir page 13).
Pour relancer l’innovation produits et soutenir les entrepreneurs, Naturalia a lancé début septembre un appel à projet Kisskissbio. Une contribution de 2 500 euros sera apportée à quatre projets développant un produit bio ou responsable et l’un d’entre eux sera distribué dans les rayons.
Pour concurrencer la distribution spécialisée, le groupe Auchan entend développer son offre de produits « typés magasins spécialisés » pour capter une nouvelle clientèle. « Les clients s’aperçoivent que la grande distribution travaille sur la qualité et répond à leurs attentes RSE tout en proposant une offre plus accessible », explique José Da Silva Neves.
Par ailleurs, le distributeur travaille au développement d’espaces dédiés à la consommation responsable au profit des futures rénovations de certains magasins. « L’alimentaire bio s’inscrira dans une offre globale avec des solutions anti-gaspillage, seconde main ou encore fait maison », poursuit-il.
Le snacking sain se développe
Bouleversées par la crise sanitaire, les tendances bios suivent celles du conventionnel et évoluent vers davantage de snacking et de « fait maison ». Pour y répondre, Auchan a développé son offre d’aides culinaires sucrées et salées (+30 % de références par rapport au début du confinement) et de produits snacking avec notamment des plats cuisinés, des substituts à la viande, des salades et des graines. « Nous avons 35 % de produits en plus qu’en 2019 avec de fortes attentes sur le snacking sain et la demande d’une offre portionnable », commente José Da Silva Neves.
Présente en magasins spécialisés et depuis la rentrée dans les linéaires bios des GMS, la PME lyonnaise Algo commercialise des produits snacking nutritionnels à base d’algues (jus de fruits, chips de légumes, barres énergétiques, chocolat). « On le constate surtout dans les centres urbains, mais il y a une véritable attente pour des produits sains et fonctionnels qui apporte quelque chose de plus que le goût. Sur du snacking, les gens veulent par exemple des produits faibles en matière grasse », explique Kévin Buisson, cofondateur d’Algo, qui observe une forte demande des distributeurs en produits bios différenciants.