Le cognac réalise une bonne année 2003
Le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) fait état d’une « année très satisfaisante » en 2003, avec l’équivalent de 127,2 millions de bouteilles vendues contre 122,7 en 2002, soit une hausse de 3,7 %. « On retrouve le niveau des expéditions de l’année 91 », avant la grande crise liée à la surproduction, commentait à l’AFP Alain Philippe, directeur du BNIC. La raison principale de cette hausse est à chercher du côté des marchés extérieurs, qui représentent le débouché traditionnel du cognac. Les expéditions vers l’étranger ont en effet augmenté de 5,4 % et s’élèvent, en 2003, à 120,7 millions de bouteilles, dont 40 % sont réservées au seul continent américain. Les Etats-Unis, premier marché mondial, affichent une progression des ventes de cognac de 10,4 % passant, en un an, de 44,4 à 49 millions de bouteilles.
« Cela fait dix ans que l’on a une progression à deux chiffres», constate Alain Philippe, qui écarte le spectre d’un boycott de la part des Américains. Selon lui, le conflit en Irak n’a eu aucun effet sur une consommation essentiellement ethnique, de groupes afro-américains ou hispaniques peu impliqués dans les débats nationaux.
L’UE mauvaise élève de la classe
En Asie, (17,5 % des ventes globales), malgré des chiffres contrastés et une baisse des ventes de 20,7 % au Japon, le BNIC note des tendances très prometteuses en Chine (+ 85,9 %) et à Singapour (+ 51,1 %). Un optimisme que l’on retrouve dans les pays scandinaves et en Russie (+ 32,2 %), qu’Alain Philipe teinte d’une pointe d’agacement : « les ventes de faux cognacs, fabriqués à moindre coût dans les pays voisins, y progressent dans des proportions beaucoup plus importantes au détriment du cognac ».
Dans cet environnement haussier, l’Union européenne (32,2 % des ventes globales) fait figure de mauvais élève de la classe et accuse une baisse de 2,1 %. Si le Royaume-Uni, traditionnel bon client, fait un bond de 17 % et conforte sa deuxième place mondiale, cela n’est pas suffisant pour annuler les mauvaises performances de l’Allemagne (- 11,3 %) et surtout de la France (-21,2 %). Mêlant pêle-mêle effet Sarkozy, marges écrasées par la grande distribution et lente évolution vers une consommation apéritive, le marché français n’apparaît guère favorable aux yeux des grandes marques, avec l’équivalent de 1,75 million de bouteilles perdues par rapport à 2002.
Enfin, sur l’ensemble des marchés, la consommation des jeunes cognacs, largement majoritaire, connaît encore une embellie en 2003 : + 5,3 % pour les VS (very special) et + 4 % pour les VSOP (very superior old pale) alors que les qualités vieilles plongent de 6,7 %. Un paradoxe pour la région délimitée de cognac : le marché, notamment américain, réclame des qualités jeunes alors que le stock, surabondant (2,9 millions d’hectolitres d’alcool pur), est composé à plus de 40 % d’eaux-de-vie anciennes. Mais on ne peut pas tout avoir.