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Produits laitiers
Le breton Sill soutient la croissance du Petit Basque

Le Petit Basque, spécialiste de l’ultrafrais à base de lait de brebis, qui appartient au groupe Sill depuis 2014, profite de l’engouement des consommateurs pour les laits alternatifs et poursuit son développement. Agrandissement d’usine, nouvelles références, nouvelle marque… L’entreprise a doublé son chiffre d’affaires en quatre ans. Reportage.

Le Petit Basque, filiale du groupe familial breton Sill, a inauguré la semaine dernière l’extension de son usine de Saint-Médard-d’Eyrans à côté de Bordeaux. Cet investissement de 9 millions d’euros sur quatre ans porte sur l’installation d’une ligne de fabrication d’une capacité de 10 000 pots par heure (3 millions d’euros à elle seule), et d’une cuverie flambant neuve destinée à la préparation des quelque 128 recettes que compte le catalogue de l’usine. Nouveaux également : un atelier, une échantillothèque, une salle de pesée, un frigo en froid positif, un stockage emballage, un stockage matières premières et un quai de déchargement.

L’usine agrandie de 2500 m2

Ces travaux, qui ont occasionné une extension de 2 500 m2, portent la surface totale de l’usine à 8 000 m2. Ils ont été soutenus à hauteur de 564 000 euros par la Région Aquitaine (soit 6,3 %). La marque Le Petit Basque, rachetée par le groupe Sill en avril 2014, se caractérise par des produits traditionnels au goût affirmé, élaborés à partir de lait de brebis. « Nous avons senti l’engouement croissant des consommateurs pour les laits alternatifs au lait de vache, c’est pourquoi nous n’avons pas hésité à acquérir cette marque, parfaitement complémentaire de Malo, notre autre marque d’ultrafrais traditionnel au lait de vache », explique Gilles Falc’hun, président du groupe Sill.

Un objectif de +10 à +15 % de CA pour 2019

Aujourd’hui, Le Petit Basque, leader sur son secteur, affiche une part de marché de 58 % en GMS avec des références phare, toutes élaborées à partir de lait frais, comme l’historique caillé de brebis, des yaourts, des brassés, des fromages blancs et des desserts. « Le lait de brebis, qui supporte mal la flash pasteurisation, est plutôt destiné à être transformé. Son principal intérêt réside dans son goût affirmé et sa teneur en matières grasses, trois fois plus que le lait entier, qui donne des produits plus gourmands et plus onctueux », explique Frédéric Bourget, directeur marketing. L’usine fabrique aussi des produits au lait de chèvre (1 % des volumes), ainsi qu’une quantité marginale au lait de vache.

Au total, ce sont 14 millions de litres qui sont transformés à Saint-Médard-d’Eyrans (3 millions en bio), issus pour la très grande majorité de 111 producteurs de brebis dont 40 sont en agriculture biologique. Ces producteurs, installés de la Dordogne à l’Aveyron, sont organisés en filière et sous contrat exclusif avec Le Petit Basque. Les produits fabriqués sont pour 50 % à la marque Le Petit Basque, le reste étant constitué par les MDD des différentes enseignes de distribution. Le chiffre d’affaires de la société devrait dépasser les 60 millions d’euros en 2018, « avec un objectif de +10 à +15 % pour 2019 », précise Gilles Falc’hun.

Création d’une école de formation

Le chiffre d’affaires, qui a doublé en quatre ans, a permis le recrutement de 47 salariés supplémentaires en CDI. Mais l’entreprise a du mal à trouver de nouveaux collaborateurs afin d’accompagner sa croissance. « Les métiers de l’agroalimentaire ne séduisent pas les jeunes, souligne le président, les horaires en 3/8, le travail du week-end, ça ne les intéresse pas. » Sill a donc décidé d’agir face à ces difficultés en créant d’ici un an maximum une école de formation, laquelle permettrait de fournir en salariés formés les différentes entreprises et métiers du groupe : ultrafrais, soupes, plats cuisinés surgelés, produits laitiers, poudres…

Porté par sa croissance à deux chiffres, Le Petit Basque, toujours dirigé par son ancien propriétaire Hubert Martin, continue d’innover avec le lancement au printemps dernier de la marque June, 100 % végétale et élaborée à partir de lait de riz, coco et amande. « Ne pas utiliser de soja est un parti pris », précise Gilles Falc’hun. Cette gamme, qui ambitionne d’être transversale à tous les produits végétaux du groupe, compte déjà une dizaine de références et est destinée à se déployer davantage sur les desserts, mais également sur les potages et les plats préparés.

À l’affût d’une opportunité de croissance externe

Sill, qui demeure un groupe familial avec 84 % du capital encore détenu par les deux familles fondatrices, les Falc’hun et les Léon, entend bien préserver son modèle, « qui est plutôt résistant », se félicite Gilles Falc’hun. Le fait de répartir ses activités sur plusieurs métiers (60 % pour les produits laitiers comme les yaourts, le beurre, la crème, la poudre…, 20 % sur les activités en UHT comme les soupes, et 20 % pour le surgelé comme les feuilletés, pizzas, coquilles cuisinées, petits fours traiteur…) permet d’amortir la volatilité du marché du lait, et de mieux résister lorsque les cours sont à la baisse. De plus, les trois marchés où le groupe commercialise ses produits sont d’importance équivalente. GMS, RHD/industrie et export représentent tous les trois un peu plus de 30 % du chiffre d’affaires. Cela a pour avantage d’avoir des répercussions raisonnables dans le cas où l’un d’entre eux devrait entrer dans une zone de turbulences, comme c’est arrivé sur l’export quand le marché russe a fermé ses portes du jour au lendemain avec l’embargo.

Si le business marche bien, le groupe Sill ne s’endort pourtant pas sur cette réussite et reste toujours à l’affût d’une opportunité de croissance externe. « Nous regardons avec intérêt la moindre des opportunités de rachat sur les marchés qui nous semblent porteurs comme le bio, l’industrie des produits miniatures, des surgelés sucrés ou de la RHD… Nous avons pour cela prévu une enveloppe de 30 à 40 millions d’euros », souligne le président du groupe.

L’activité lait infantile enfin sur les rails

Après une lutte de près de cinq ans pour trouver un emplacement, le groupe Sill a enfin posé la première pierre d’une nouvelle usine à Landivisiau, dans le Finistère. « Depuis le début de ce projet, nous nous sommes heurtés aux recours des riverains au titre de la loi littoral », explique Gilles Falc’hun, président de Sill Entreprises. Finalement, la ténacité a payé, et en juillet dernier, les travaux ont enfin commencé. Le projet ? Une usine de poudre de lait infantile, qui devrait être opérationnelle dans deux ans, soit fin 2020. « Cette unité de fabrication est destinée à 99 % à l’export. Les produits seront commercialisés avant tout en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie », précise Tristan Falc’hun, directeur commercial et export. Avec une production estimée à 18 000 tonnes par an, l’usine Sill de Landivisiau ambitionne ainsi d’arriver sur le marché chinois, lequel a récemment ajouté des contraintes à la commercialisation de ce type de produits. « Le gouvernement chinois impose désormais à chaque entreprise, étrangère ou locale, trois marques différentes et pas plus – certains groupes en avaient des centaines –, et trois références par marque », souligne Tristan Falc’hun. Pour mener à bien cet export vers la Chine où nombreux sont ceux qui ont échoué, le groupe Sill envisagerait de signer un partenariat avec l’entreprise Yin Qiao, installée à Xi’an, qui, d’après Tristan Falc’hun, pourrait même prendre une participation au capital du groupe breton.

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