L’Ania mise sur la loi Alimentation pour contraindre les distributeurs
Le 20 mars, l’Ania a tiré un constat « catastrophique » des négociations commerciales. L’association estime que seule la loi pourra faire évoluer les comportements.
En 2017, les entreprises agroalimentaires ont continué à subir de plein fouet les effets de la guerre des prix. Si le chiffre d’affaires du secteur a progressé de 3,9 % à 180 milliards d’euros, cette croissance est alimentée par une dynamique à l’export et la hausse des matières premières. En fait, le taux de marge des entreprises alimentaires a poursuivi sa baisse, de près de 6 points en 10 ans, pour atteindre son plus bas niveau depuis 40 ans, tandis que la production a reculé de 0,4 % en 2017 (après -1,3 % en 2016). Parallèlement, les prix des produits de grande consommation ont continué de reculer, pour une baisse totale de près de 4 points entre 2014 et 2017.
« Les warnings s’allument. Ces quelques points me font dire : attention, on se fragilise. Dans les deux à trois ans, si cela continue, il y aura des plans côté industrie et côté distributeur. On ne peut pas tenir sur des résultats aussi faibles », a déclaré Jean-Philippe Girard, président de l’Ania, lors d’une conférence de presse le 20 mars dernier.
On a réussi à détruire 4 milliards d’euros en 4 ans
L’industrie agroalimentaire a connu 45 mois successifs de déflation, selon l’Ania. « On a réussi à détruire 4 milliards d’euros de valeur en quatre ans, c’est terrible. Quelque part, c’est suicidaire. Cela se dégrade chaque année, et le consommateur ne le voit même pas dans son caddie », a ajouté Jean-Philippe Girard. Et les négociations 2017-2018 ne vont pas changer les choses, malgré la charte de bonnes pratiques signée après les états généraux de l’alimentation.
Des sanctions jusqu'à 5% du chiffre d'affaires
« Le climat des négociations s’est avéré catastrophique. Il n’y a aucun progrès ! » insiste Jean-Philippe Girard. L’Ania compte alors sur la future loi de l’Alimentation, qui devrait être votée avant l’été pour tenter de modifier les comportements. « On n’arrive pas à faire changer les mentalités sans loi, donc on va défendre ce texte. On n’a pas le choix », affirme le président. L’Ania veut notamment défendre la hausse du SRP, l’encadrement des promotions et des sanctions plus importantes à hauteur de 5 % du chiffre d’affaires en cas de manquement de la part de la grande distribution.