Lait : la situation se durcit en Bretagne
Les syndicalistes agricoles des FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de l’Ouest ont monté d’un cran leurs actions, mercredi, en s’engageant dans le blocage de plusieurs laiteries dans le Finistère (Entremont à Quimper), les Côtes d’Armor -Unicopa à Guingamp et la Laiterie Nouvelle de l’Arguenon (Coopagri Bretagne) à Créhen-, et l’Ille-et-Vilaine (laiterie Cleps à Saint-Brice en Coglès).
FDSEA et JA du Morbihan devaient décider mercredi après-midi des actions qu’ils comptaient mener dans leur département. Dans la plupart des cas ils empêchent uniquement les camions de produits finis de sortir de l’usine, mais laissent entrer et sortir les camions de ramassage du lait.
A l’exception de LNA à Créhen où les militants ont choisi d’interdire « toute entrée et sortie de camions,a expliqué aux Marchés René Arribart, président de la FDSEA des Côtes d’Armor. Nous resterons tant qu’il n’y aura pas d’évolution dans la négociation ».
Les syndicats majoritaires dans les rangs des laitiers entendent ainsi montrer leur colère face à la position des industriels qui, par deux fois, le 22 janvier et avant-hier mardi en réunion interprofessionnelle nationale, ont fait sensiblement la même offre pour l’année 2004 : une baisse 18 euros pour 1 000 litres de lait. Impensable pour les producteurs qui rappellent qu’ils ont déjà accepté, en 2002 et 2003, des baisses régulières du prix du lait. Eux s’en tiennent aujourd’hui uniquement à l’application stricto sensu du « Modal Prix », cadre de négociations mis en place en 1997 en France selon lequel « il y aurait une baisse de 3,37 euros pour 1 000 litres en 2004».
« Nous respectons tout à fait la position des syndicalistes, même s’il faut rappeler que les producteurs bénéficieront d’une aide européenne (à l’hectare pour compenser l’abaissement du prix d’intervention des produits industriels NDLR) de 12 euros pour 1 000 litres à la fin de l’année, c’est-à-dire la baisse ne sera que de 6 euros pour 1 000 litres», a déclaré pour sa part Jean Lancien.
Caisse de peréquation
Pour le directeur amont de la branche laitière du groupe coopératif Unicopa (700 millions de litres), « la baisse est inéluctable, nous vivons déjà les conséquences de la réforme de la PAC » sur les marchés. Selon lui, les nations laitières européennes ne paient plus le lait au même prix. « Allemands et Hollandais sont à 9-10 euros pour 1 000 litres en dessous du prix que nous payons et nous prennent des marchés en fromages en Espagne et en Italie ». Autres signes, selon Jean Lancien : les Allemands viennent de passer « de 10 000 à 18 000 tonnes leurs ventes d’emmental en France ». Or le prix du lait représente 80 % du coût de production de l’emmenthal, ajoute-t-il encore.
Les manifestants demandent la mise en place d’une « caisse de péréquation» entre les producteurs évoluant dans les produits de grande consommation et ceux condamnées à livrer des laiteries travaillant en produits industriels, a expliqué René Arribart. Mais pas seulement. Le syndicaliste des Côtes d’Armor a confié que les producteurs sont surtout inquiets de leur avenir, « des conséquences de la réforme de la PAC, de la libéralisation des prix de marché en échange d’une aide directe(à l’hectare NDLR) ». Conséquence, ils souhaitent « une réflexion sur l’avenir de la filière en France car ce sont les producteurs qui vont aller dans le mur». En attendant, ils comptent perturber le fonctionnement industriel des sites et élargir la contestation .