Stratégie
La volaille française joue la carte de la différenciation
L’interprofession de la volaille française, Anvol, a présenté son Pacte Ambition Anvol 2025. Elle revendique des élevages à taille humaine, une diversité d’espèces et une qualité sanitaire exemplaire. Et veut donner des preuves de bien-être animal.
Le gigantisme et la standardisation sont exclus de l’avenir de la filière française des volailles de chair. Ses poulets, canards, dindes et pintades répondront aux attentes sociétales exprimées en France et dans un nombre croissant de pays. C’est ce qu’affirme l’interprofession volailles de chair (Anvol) à travers le Pacte Ambition Anvol 2025 qu’elle a présenté le 11 février. Ce pacte comprend six objectifs.
Le premier de ces objectifs est d’occuper tous les segments de la consommation à domicile et en restauration : volailles label Rouge, AB, CCP (certification de conformité produit), ainsi que poulet et dinde standard. L’Anvol veut en effet regagner 10 % en tonnes équivalent carcasse de la part importée de la consommation française. Cette part est de 45 %. En outre, l’Anvol a étudié la faisabilité d’une offre sous le label European chicken commitment (ECC), auquel un nombre croissant de grands comptes promet d’adhérer. Elle est déterminée à « mettre en œuvre ce cahier des charges » : des poulets de souche à croissance intermédiaire entre croissance rapide et lente, pas plus de 30 kg de poids vif au mètre carré, des bâtiments en lumière naturelle équipés de perchoirs et de substrats à piquer et l'étourdissement à l’atmosphère contrôlée à l’abattage.
L’Institut technique avicole (Itavi) a calculé un surcoût de 27 % en sortie d’élevage ECC par rapport au standard. En sortie d’abattoir, c’est 40 % du fait d’une moindre quantité de viande par poulet. Si seul le filet était valorisé à ce niveau, la carcasse reviendrait 59 % plus cher, précise l’Anvol. C’est sans compter le système d’étourdissement sous atmosphère. Moins de dix abattoirs en sont équipés aujourd’hui et seul un sur dix serait en mesure d’en acquérir un.
50 % de volailles en lumière naturelle
Le 2e objectif de l’interprofession à l’horizon 2025 consiste à élever la moitié des volailles en lumière naturelle. 30 % d’entre elles croîtraient dans des bâtiments à fenêtres et pourraient se percher (comme pour l’ECC). C’est aujourd’hui le cas de 15 % des volailles. 20 % des volailles accéderaient à des parcours extérieurs, comme aujourd’hui les 15 % de volailles sous label Rouge et les 2 % sous label AB.
3e objectif : 100 % des élevages engagés dans l’amélioration des bonnes pratiques et audités. Les élevages sous label et CCP sont déjà audités. Et 80 % des élevages standard sont contrôlés. L’Anvol compte sur au moins deux applications sur téléphone pour auditer et aider les éleveurs à progresser : Eva et Ebene. Eva, accréditée Cofrac, est l’outil d’un audit complet : bien-être animal, respect de l’environnement, biosécurité, droit du travail. Ebene se concentre sur le bien-être animal. C’est l’œuvre d’une collaboration entre spécialistes, éleveurs et les ONG Welfarm et CIWF. Elle traite des « cinq libertés » désignées par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) : libertés physiologique, sanitaire, environnementale, psychologique et comportementale. L’application Ebene est appelée à devenir un module d’applications de contrôle existantes, dont Eva.
Une affirmation du modèle français d’exploitations « à taille humaine »
Le 4e objectif est l’annulation des effets sur les forêts mondiales et 100 % de sûreté. Aujourd’hui, une partie des graines et tourteaux de soja servant à fabriquer les aliments est importée d’Amérique du Sud où la culture de soja progresse aux dépens de la forêt. La plateforme de collaboration Duralim travaille sur les différents moyens d’augmenter la partie protéique des aliments d’origine française. S’agissant de la sûreté de l’alimentation, 98 % du volume consommé par les volailles sont produits par des entreprises françaises certifiées Oqualim (bonnes pratiques d’hygiène et règles de traçabilité).
Le 5e objectif est une réduction de 60 % de l’exposition aux traitements antibiotiques par rapport à 2011. Déjà 55 % sont accomplis grâce à l’amélioration des conditions d’élevage.
Le 6e objectif, enfin, est plutôt une affirmation du modèle français d’exploitations « à taille humaine » : des élevages de 40 000 volailles en moyenne, sur deux bâtiments, contre dix fois plus et jusqu’à un million sur un site au Brésil ou en Ukraine.