La restauration collective face au défi de l’alimentation bio
Les deuxièmes assises du bio, mercredi à Paris, ont apporté la confirmation de l’objectif gouvernemental d’introduire 20 % de produits biologiques en 2012 dans la restauration collective publique d’État. Cela représente un lourd défi pour les établissements concernés : les restaurants administratifs, le secteur pénitentiaire, les « restau U », la restauration hospitalière. Un coup d’œil à l’observatoire national des produits biologiques en restauration collective, dont les résultats ont été dévoilés à l’occasion, permet de se rendre compte du chemin à parcourir. 10 millions de repas bio, ou comprenant au moins une composante bio, ont été servis l’an dernier en restauration collective. En 2007, la restauration collective bio a été évaluée à 0,2 % du marché total de la restauration à caractère social et à 0,5 % du marché de l’alimentation biologique. C’est en restauration scolaire qu’elle est le plus développée, avec 0,5 % de ce marché.
L’introduction des produits bio s’est faite jusqu’ici majoritairement en gestion directe, avec près de 9 millions de repas bio ou partiellement bio servis en 2007. Le secteur de la restauration concédée connaît cependant un fort développement, avec l’équivalent de1 million de repas bio servis l’an dernier. Les produits les plus introduits en restauration collective sont les fruits et légumes, la viande, le pain et les produits laitiers.
Une attente forte du consommateur est mesurée par le baromètre 2007 de l’Agence Bio. Un enfant sur quatre a déjà eu un repas avec des produits bio. 78 % des parents d’enfants qui n’en ont jamais eu le souhaiteraient. La restauration commerciale et d’entreprise est aussi concernée. 43 % des Français se disent intéressés par des repas bio au restaurant. 39 % des actifs aimeraient se voir proposer des produits bio dans leur restaurant d’entreprise.
Appel à projets
Le fonds de structuration des filières, baptisé Avenir Bio, fait partie intégrante du plan de développement « Agriculture biologique Horizon 2012 ». Son ambition est de soutenir des entreprises et des producteurs prêts à s’engager pour un développement harmonieux de l’agriculture bio en France, afin de satisfaire les attentes des collectivités publiques et des consommateurs. Géré par l’Agence Bio, il est doté de 3 millions d’euros par an pendant 5 ans. Le deuxième appel à projets est lancé jusqu’au 15 octobre prochain. Une première vague a déjà permis de retenir 8 programmes d’actions dans les fruits et légumes et l’élevage.
« Il est très important de stimuler et d’accompagner l’organisation économique de la filière pour avoir une optimisation des circuits de collecte et de transformation, car aujourd’hui encore le secteur est modeste et très éparpillé sur le territoire », a souligné en conférence de presse Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio. Cette agence a notamment pour mission de structurer le secteur. Une meilleure organisation devrait en effet faire baisser les coûts des produits bio, aujourd’hui en moyenne 30 % plus élevés que les produits traditionnels. Selon Elisabeth Mercier, « tout est intimement lié ». Une meilleure organisation de la filière entraînera nécessairement une baisse des prix. « L’objectif est de proposer un prix contenu pour le consommateur et rémunérateur pour le producteur », a-t-elle assuré.