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Volaille
La pintade tient tête aux restrictions sanitaires

Très dépendante de la restauration, la filière pintade se rattrape en partie dans le commerce de détail grâce à l’estime des consommateurs. Ses opérateurs misent sur les petites tablées de Noël 2020. Témoignages.

Ordinairement, la restauration est le débouché d’une pintade sur deux. Toutes les pintades consommées en France, y compris en restauration, sont produites en France. C’est dire si les restrictions sanitaires imposées depuis mars 2020 pour cause de Covid-19 perturbent la filière. Les ventes destinées à la restauration collective ou commerciale ont reculé de 20 % depuis le début du confinement, selon le Comité interprofessionnel de la pintade (CIP). L’on pouvait s’attendre à pire. Il s’agit là essentiellement de découpes, des suprêmes (cuisse attachée au blanc), des filets, des cuisses, que l’industrie destine ordinairement spécifiquement à la restauration.

Les industriels ont accumulé des stocks congelés qu’ils n’ont pas écoulés malgré la disposition de sortie de confinement qui permettait aux collectivités d’acquérir jusqu’à 100 000 euros de marchandises en dehors des règles d’appels d’offres.

Coup de frein à l’exportation

Les marchés d’exportation ont aussi connu un coup de frein. En 2019, 19 % des pintades produites en France avaient été exportées, dont la moitié dans trois pays : Belgique ; Allemagne ; Royaume-Uni. La Belgique importe quasiment autant de découpes que de pintades entières, l’Allemagne importe beaucoup plus de découpes et le Royaume-Uni, a contrario, une majorité de pintades entières. Les exportations, globalement, se sont repliées de 29,4 % en volume de janvier à juillet 2020. Elles avaient pourtant bien repris en juillet vers certains pays, au point qu’elles étaient très supérieures aux volumes de juillet 2019. Ainsi, le volume importé par la Belgique en juillet 2020 est supérieur de 17,6 % à celui de juillet 2019. Les deux autres pays surperformants en juillet 2010 ont été le Royaume-Uni (+8,5 %) et les Pays-Bas (+19,6 %).

Une chance de faire découvrir au consommateur des suprêmes de pintade au rayon frais

Les abatteurs et transformateurs vivent des situations très différentes selon leurs marchés. Le groupe breton Savel, qui a une double spécialité – la pintade et le coquelet – et qui abat 35 à 40 % des pintades, « réoriente un maximum vers la GMS », selon son nouveau directeur général, Éric Lefeuvre. « Les distributeurs sont présents et font place à des opérations additionnelles », précise-t-il. Le dirigeant voit dans la période festive 2020 « une chance de faire découvrir au consommateur des suprêmes de pintade au rayon frais ». Quant à l’exportation, « nos clients étrangers orientés GMS sont portés par une tendance de consommation », assure-t-il.

Le groupe vendéen des abattoirs de volailles Freslon et Savic « équilibre ses ventes », selon Pascal Boulanger qui dirige ces deux abattoirs. Cet opérateur produit, par volumes décroissants, de la pintade label Rouge de Challans, de la pintade standard et de la pintade bio. Ses marchés sont Rungis (grossistes sur des marchés de niche) pour la pintade conventionnelle, Metro et les surgelés Thiriet pour la pintade de Challans, Biocoop pour la pintade bio, ainsi que les GMS et bouchers.

Le CIP joue pour cette fin d’année 2020 la carte du consommateur qui cuisinera pour une petite tablée, de la pintade ou un petit chapon de pintade.

La production de 2020 en replis

En cumul sur les huit premiers mois de 2020, les mises en place de pintadeaux sont en recul de 15 % par rapport à la même période 2019, selon le CIP. La tendance est entre 15 et 20 % actuellement, apprend-on auprès de Savel. La durée d’élevage des pintades est celle de volailles rustiques à leur croissance lente. La pintade conventionnelle est élevée au moins pendant 70 jours dans des élevages équipés de perchoirs ; la pintade certifiée au moins 82 jours ; la pintade fermière label Rouge pendant 94 jours au minimum avec un accès à un parcours extérieur ; la pintade bio pendant 98 jours au minimum. En 2019, la production française (32 millions de pintades) a compté 29 % de pintades label Rouge, 4 % de pintades certifiées, 0,5 % de pintades bios.

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