La filière porcine allemande se restructure
L’Allemagne tient une place privilégiée sur le marché porcin européen. Premier pays producteur, premier pays consommateur et géographiquement au cœur de l’Union européenne élargie, cet Etat membre voit sa filière évoluer à grande vitesse depuis le début des années 90 et la réunification.
Celle-ci est en effet venue bouleverser l’équilibre du marché. La production nationale a tout d’abord chuté, en raison d’un fort mouvement de décapitalisation du cheptel à l’Est. Suite à une baisse du pouvoir d’achat, la consommation s’est repliée, mais dans une moindre mesure. Conséquence : les importations ont fortement augmenté. Une inversion de tendance s’est par la suite dessinée. Tandis que la demande intérieure et les importations se sont stabilisées, les besoins à l’export se sont fait de plus en plus soutenus, permettant par-là même une croissance rapide de la production. Celle-ci ne s’est cependant pas réalisée sans modification des systèmes de production : une restructuration était nécessaire.
Concentration et spécialisation des élevages
Selon l’Ifip, l’évolution des exploitations allemandes peut se résumer ainsi : concentration, agrandissement et spécialisation.
Tandis que par manque de rentabilité, le nombre de structures présentes dans le pays diminue année après année, certaines se réorganisent et se développent. Dans ce contexte, rien d’étonnant au constat suivant : sur un peu plus de 100.000 exploitations porcines, seules 40.000 d’entre-elles détiennent plus de 95 % du cheptel.
L’Allemagne possède aussi la particularité d’engraisser plus qu’elle ne fait naître. Les naisseurs, surtout situés dans l’Est et le Sud, ne produisent pas assez pour répondre aux besoins des engraisseurs, que l’on retrouve principalement dans le Nord-Ouest. Conséquence : l’Allemagne doit importer des porcelets, le déficit atteignant près de 4 millions de têtes. Mais ce constat met aussi en évidence la forte spécialisation des élevages, les naisseurs-engraisseurs étant minoritaires.
Vers un plus grande capacité d’abattage
Le phénomène de restructuration concerne aussi l’abattage-découpe. Encore en grande partie traditionnel (petites et moyennes structures, le plus souvent familiales), ce secteur n’en est pas moins en mutation. D’importants groupes sont apparus depuis quelques années. Près de 50 % des abattages sont réalisés par trois structures : Vion (20 %), Tönnies (17 %) et Westfleisch (11 %).
De par sa nette orientation à l’exportation, —l’Allemagne exporte deux fois plus que la France et donne l’impression de mieux valoriser ses pièces en aval, le secteur abattage-découpe reste en constante évolution. Que ce soient les grands groupes ou les entreprises de taille moyenne, la tendance reste aux investissements et au développement des capacités d’abattage. Pourtant, selon l’Ifip, seules 60 à 70 % des capacités d’abattage seraient actuellement atteintes.
Si aucun paramètre ne vient bouleverser le commerce, il est fort à parier que les besoins allemands en viande comme en porcelets et en porcs vivants resteront soutenus à court et moyen terme. Ce qui pourrait être profitable à la France, si celle-ci arrivait à tirer son épingle du jeu.