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La filière laitière, toujours face au déséquilibre des marchés mondiaux



L'année 2016 pourrait être tout aussi compliquée que 2015 pour les acteurs de la filière laitière. La surproduction européenne est toujours présente et l'embargo russe perdure. Si les exportations vers les pays tiers se sont bien tenues en volume, leur valorisation s'est effondrée. Beaucoup misent sur une demande chinoise forte et une revalorisation des marchés français.

La filière laitière française a souffert de la surproduction généralisée de lait en Europe. Elle a subi de plein fouet la hausse de production de ses voisins européens et le recul de certains marchés. L'année 2016 sera-t-elle plus profitable ?

Depuis la fin des quotas au 1er avril 2015, la filière laitière est dans la tourmente. En cause : la surproduction laitière que connaît l'Europe depuis cette date, une demande chinoise en berne et l'embargo russe qui perdure. Sur les neuf premiers mois de 2015, la Chine a ainsi réduit de moitié ses achats de poudres grasses par rapport à 2014 et de 21 % ses achats de poudres maigres et de beurre. De son côté, et sur la même période, la Russie a également divisé par deux ses achats de beurre et de fromages. Cette situation a entraîné un déséquilibre sur le marché mondial, alors que les principaux pays exportateurs voyaient leur collecte augmenter. « Les exportations de fromages par exemple sont restées quasiment stables (+0,5 %, ndlr) sur les neuf premiers mois 2015. Sur la catégorie des fromages à pâte molle, elles se sont effondrées. La France a néanmoins réussi à récupérer la moitié des volumes perdus vers la Russie, grâce à des exportations vers d'autres pays », explique Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques de l'Association de la transformation laitière (Atla).

Un marché européen excédentaire

« Le début de l'année 2016 s'annonce au moins aussi noir que 2015 », anticipe la Fédération nationale des coopératives laitières. La production laitière européenne ne cesse d'augmenter, hormis en France où la collecte est restée quasiment stable entre avril et septembre 2015 (+0,5 %). « À partir d'avril, la production européenne est partie à la hausse et de plus en plus vite : de +2,5 % entre avril et mai à +4,1 % sur le mois d'octobre », souligne Gérard Calbrix.

Et cette situation n'a pas profité aux producteurs, qui ont vu le prix du lait reculer. « Depuis le mois de septembre, le prix du lait payé aux producteurs, déjà à un niveau bas sur l'ensemble de l'année 2015, a enregistré une nouvelle baisse, qui fait suite à la hausse estivale traditionnelle », indique FranceAgriMer dans sa note de conjoncture parue le 16 décembre dernier. « Le marché européen est en excédent. Tout le monde va devoir s'adap-ter à des niveaux de prix du lait qui n'ont plus rien à voir avec ceux de 2011-2012 », indique Gérard Calbrix.

Depuis septembre, le prix du lait payé aux producteurs a enregistré une nouvelle baisse

Même les coopératives du nord de l'Europe commencent à souffrir d'une surproduction de lait. La coopérative néerlandaise FrieslandCampina indiquait dans un ” communiqué du 28 décembre verser une indemnité à ses éleveurs laitiers en contrepartie d'une réduction de leur production jusqu'au 11 février 2016. Le groupe allemand « DMK a le même problème. Il ne sait plus >>

quoi faire du lait. Les usines européennes sont saturées », affirme Gérard Calbrix.

La demande chinoise continue de progresser

Une planche de salut pourrait-elle venir des exportations, notamment vers la Chine où la demande en produits laitiers reste forte ? Même si la demande chinoise a ralenti entre 2014 et 2015 en raison du surstockage réalisé par les importateurs, elle continue de s'accroître. « La demande est forte et restera forte », anticipe François Blanc, chef de la mission « affaires européennes et inter-” nationales » de FranceAgriMer. Selon Agritel, la Chine devrait augmenter ses achats de poudres de lait en 2016. « L'attaché de l'USDA (département de l'Agriculture des États-Unis, ndlr) pour la Chine prévoit une hausse des achats de poudres entières à 400000 t pour 2016 contre 350000 t en 2015 », indique sa note de conjoncture. L'organisme prévoit également une demande de produits laitiers en hausse de plus de 50 % d'ici à 2022. En 2014, les exportations de produits laitiers françaises vers la Chine ont atteint un chiffre d'affaires de 324 millions d'euros, dont 96 millions en poudre de lait infantile et 87 millions en poudre de lactosérum.

L'audit [chinois] a été un processus très lourd

La Chine attire toujours les entreprises françaises. Six nouveaux établissements ont demandé leur agrément pour exporter. La dernière mission d'inspection chinoise a eu lieu du 23 novembre au 4 décembre sur six sites industriels : Even Santé Industrie à Ploudaniel (Finistère), Synutra France à Carhaix (Finistère), Société Laitière de Vitré (Ille-et-Vilaine), Baby Drink à Abbeville (Somme), Blédina à Steenvoorde (Nord) et Candia à La Talaudière. « L'audit a été un processus très lourd. Les autorités chinoises sont montées en compétence. Une dizaine de non-conformités ont été relevées, que les entreprises vont devoir corriger pour être en ligne avec les autorités chinoises. Le rapport est attendu pour la fin du mois de janvier. Il soulèvera ces non-conformités. L'agrément ne devrait pas être donné avant la fin du premier trimestre 2016 », explique François Blanc. Une dizaine d'usines sont d'ores et déjà agréées pour exporter en Chine.

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